Présence autochtone : La parole des Braves
Cinéma

Présence autochtone : La parole des Braves

Présence autochtone propose pour une quinzième année de partager les grandes réflexions et revendications des peuples autochtones par l’entremise du film et de la vidéo.

Pour sa quinzième édition, Présence autochtone propose des récits d’espoir, de quête et de dignité issus des communautés autochtones des deux hémisphères. Le volet film et vidéo de Présence autochtone, qui débute le 13 juin, présente une sélection de 80 films propices à l’exploration de questions fondamentales pour les peuples autochtones et à la découverte d’une multitude de cultures continuellement en lutte pour leur survie et le respect de leur différence.

LA PRISE DE PAROLE

Les revendications passent d’abord par un geste fondamental, celui de la prise de la parole. Dans la série Wapikoni Mobile, la cinéaste Manon Barbeau et l’ONF ont offert à des jeunes autochtones l’occasion de s’exprimer en réalisant leurs propres courts métrages. Ces films sont d’étonnants cris du cœur d’une jeunesse en quête d’identité. Deux vidéoclips de la série seront projetés en ouverture, donnant ainsi le ton à cette manifestation.

Aussi présenté lors de la soirée d’ouverture, Estos Dolores Somos est un court métrage percutant du Mexicain Roberto Olivares. Ce tout petit film de six minutes montre des images documentaires de deux combattants du Chiapas, masqués et fusil en bandoulière, qui lisent au micro de très beaux textes évoquant la réalité indienne. Parallèlement, des images défilent et évoquent la répression des Indiens.

L’ENVERS DE LA PAIX DES BRAVES

Comment vivre dans la modernité sans renier la culture traditionnelle? Comment mettre au pas le "progrès" pour l’empêcher de tout emporter avec lui? Deux des films présentés ont cristallisé ces grandes questions autour de la fameuse "Paix des Braves" signée entre le gouvernement du Québec et le Grand Chef des Cris Ted Moses.

Dans le passionnant documentaire Une Rivière de plus, Tracey Deer et Neil Diamond ont suivi le chef Moses dans la tournée de sa communauté alors qu’il explique l’accord de principe signé secrètement avec le gouvernement du Québec. Dans cette course contre la montre pour entériner l’entente, les blessures du passé refont surface: les promesses de Québec et les 3,5 milliards de dollars distribués sur une période de 50 ans font peur.

Dans Heavy Metal, autre documentaire du même Neil Diamond et de Jean-Pierre Maher, un membre d’une communauté crie du Nord du Québec et un géologue américain partent en croisade afin que l’on reconnaisse le fait que les déchets rejetés par l’exploitation minière dans les cours d’eau de la région provoquent des cancers dans la communauté. Si on en croit ce film, dont le ton pamphlétaire n’est pas toujours parfaitement maîtrisé, l’affaire a cependant été étouffée pour ne pas nuire à la signature (imminente, à l’époque) de la Paix des Braves.

D’Australie, le très beau documentaire Trespass (David Vadiveloo) traite aussi d’un projet de mine en territoire autochtone. L’enjeu n’est pas tant écologique que territorial. Ici, le combat est mené par une femme qui tient tête à toute une industrie cherchant à lui ravir une partie de son territoire ancestral. Trespass est le récit de la victoire de David sur Goliath, mais aussi, comme le laisse entendre le titre, un appel à l’action.

RÉTROSPECTIVE JORGE SANJINES

Enfin, le festival rendra hommage au célèbre cinéaste bolivien Jorge Sanjines, défenseur infatigable des Amérindiens des Andes. Une rétrospective de huit films, y compris Los Hijos del Último Jardín, son plus récent long métrage, sera programmée à la Cinémathèque québécoise à partir du 15 juin.

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