Kino : Réunion de famille
Cinéma

Kino : Réunion de famille

Le mouvement Kino, voix underground de la vidéo de création, a fait des petits depuis sa fondation à Montréal en 1999. Aujourd’hui, le rêve de Christian Laurence compte une trentaine de cellules situées aux quatre coins de la province et même à l’extérieur du pays. Question de jeter un oil sur le chemin parcouru, le mouvement tient à Trois-Rivières une première assemblée nationale, les 17 et 18 juin. Zoom sur l’événement.

À quelques jours de l’assemblée nationale Kino, une certaine fébrilité se fait sentir dans les bureaux de l’agence de communications Egzakt. Comme c’est la cellule Kino de Trois-Rivières, Kino3R, qui organise le rendez-vous, et que son instigateur se révèle être Denis Roy, le président fondateur et le directeur du développement de la firme, tout s’explique. Le sourire aux lèvres, les yeux pétillants, l’homme d’action apparaît dans la salle d’attente. Il propose un tour complet des lieux, puis nous oriente vers la salle de brainstorming, qui domine une bonne partie du centre-ville de Trois-Rivières et du fleuve. Là, dans cette lumière favorable à la création, il semble grisé par l’orientation que prend l’excitant projet, qui propose deux projections originales de films ouvertes au grand public.

PROJECTIONS PUBLIQUES

Encore à bosser sur certaines questions de logistique, Denis Roy explique d’emblée que la tenue de cet événement national repose seulement sur l’engagement de nombreux bénévoles. Kino3R n’offre aucun emploi à temps plein; ce sont des passionnés qui font battre le cœur de la cellule régionale. L’arrimage des activités de l’assemblée demande ainsi un peu plus de temps. Cependant, cela ne met pas un frein aux idées les plus farfelues. Comme ils flirtent rarement avec la facilité, les kinoïtes trifluviens ont l’intention d’orchestrer une soirée de projection extérieure… en plein centre-ville, le samedi 18 juin. "On bloquerait la rue Badeaux et on ferait ça devant l’Embuscade. Ça serait une espèce de retour aux sources pour l’Embuscade, qui organisait les Dimanches Bolo il y a quelques années. Je dirais que ça a duré jusqu’en 97 ou 98. On y présentait, les dimanches d’été, des événements d’art en direct, des concerts, des créations spontanées… Cela animait beaucoup le centre-ville. Et là, avec la nouvelle administration de l’établissement et sa volonté de confirmer la vocation culturelle de l’Embuscade, on a trouvé que c’était un partenariat intéressant. […] Il est clair que l’organisation d’une projection en plein air demande une logistique qui a un peu plus d’envergure que lorsqu’on va dans une salle qui est déjà tout équipée. Ça occupe pas mal. On doit penser à toutes les contraintes liées à la sécurité publique, à la voirie, à la société de transport… Ce sont des éléments pour lesquels on a eu beaucoup de soutien de la Corporation de développement culturel. C’est un projet qui a été très bien accueilli par Michel Jutras et son équipe. Et on travaille en collaboration avec eux autres", affirme Roy. Malheureusement, la concrétisation de cette activité dépend avant tout de l’humeur du temps. Si celui-ci se fait tristesse, la projection, qui réunira des productions amateurs et professionnelles des différentes cellules Kino du pays, sera alors déménagée vers un second lieu, où l’assistance et le matériel audiovisuel profiteront d’un toit. "On est en train de se trouver une solution de rechange et d’établir une manière de la communiquer à très, très, très court terme si jamais il y a un problème de ce côté-là. Mais on a la volonté de le faire!" L’autre rendez-vous cinématographique est planifié la veille, le vendredi 17 juin, au Maquisart. On y présentera essentiellement des courts métrages de la cuvée trifluvienne: des best of et des œuvres récentes.

SANS LIMITE

Une véritable ambiance de fête s’annonce donc pour le week-end. "Il y aura sans doute une très belle énergie parce que, toute la journée, on va avoir parlé de l’avenir du mouvement et de nos pratiques respectives: nos bons coups, les choses qu’on a essayées et qui marchent moins bien, etc. Dans le fond, il y a autant de manières de voir le mouvement Kino que de cellules. On adhère à des principes de base, mais chacun a adapté la formule à sa réalité. Tu vois, à Charlevoix, quand ils ont parti la cellule, c’était beaucoup des jeunes travailleurs de rue qui s’en servaient comme outil de raccrochage. Chez nous, contrairement à bien d’autres places, il y a un bon pourcentage des membres qui œuvrent dans le domaine des médias. Certaines productions d’ici sont donc plus professionnelles, disposent de plus de moyens. C’est très différent d’une place à l’autre", raconte Roy. D’ailleurs, il n’existe aucune limite pour les kinoïtes, qui s’éclatent toujours dans leur réalisation. "S’il y a un mot qui désigne Kino, c’est liberté. C’est la liberté de toucher à ce dont tu as le goût. C’est fait avec tellement peu de moyens qu’il n’y a pas grand-chose à perdre. Tu peux vraiment aller très loin dans les différentes voies que tu veux explorer comme créateur, que ce soit des affaires d’opinion, humoristiques, purement expérimentales ou artistiques… Il n’y a pas de visionnement préalable, ni du travail de l’artiste ni de sa production, le soir de la projection. Alors tout est possible."

SORTIR DE L’OMBRE

Denis Roy attend au moins une cinquantaine de participants à l’assemblée nationale. Outre le fait d’attirer plusieurs amateurs de la vidéo, le père de Kino3R espère-t-il des retombées directes pour la cellule de Trois-Rivières? "On fait déjà partie d’un réseau qui s’appelle Kino, qui est très démocratique sur le plan de la diffusion. D’ailleurs, c’est le but essentiel. C’est de faire en sorte que les créateurs – plutôt que de présenter leurs films dans leur cave ou de les mettre en ligne et que personne ne les trouve, parce qu’ils n’ont pas les moyens d’en faire la promotion – profitent d’un réseau qui donne accès à un public. De faire ça à Trois-Rivières implique que les autres cellules vont mieux connaître notre existence. Et la soirée au Maquisart est vraiment une vitrine de la production trifluvienne", conclut-il.

Les 17 et 18 juin
Au centre-ville de Trois-Rivières

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