In My Country : Ni tout à fait noir ni tout à fait blanc
In My Country, de John Boorman, nous transporte en l’Afrique du Sud post-apartheid. Un sujet fascinant raconté platement.
Journaliste pour le Washington Post, Langston Whitfield (Samuel L. Jackson, pas trop connecté) est envoyé en Afrique du Sud pour couvrir les travaux de la Commission Vérité et Réconciliation qui enquête sur les crimes et violations des droits de la personne commis durant l’apartheid, régime instauré après la Seconde Guerre mondiale par les Afrikaners, chrétiens blancs originaires de la Hollande. À ses yeux d’Afro-Américain, le principe d’Ubuntu, voulant que les tortionnaires soient amnistiés s’ils prouvent que leurs crimes étaient de nature politique, lui apparaît comme une façon efficace pour les criminels blancs d’éviter la prison. Poétesse et journaliste afrikaner profondément attachée aux coutumes de son pays, Anna Malan (Juliette Binoche, qui essaye en vain de nous faire oublier qu’elle est Française) suit avec passion les auditions de la commission et tente de faire comprendre à son confrère américain les lois africaines. Afin de mieux comprendre ce qui s’est passé, Whitfield interviewera le colonel De Jager (Brendan Gleeson, monolithique), considéré comme l’un des pires tortionnaires d’Afrique du Sud, qui lui fera découvrir d’horribles secrets.
Adaptation de Country of My Skull, roman à saveur autobiographique de la poétesse et journaliste afrikaner Antjie Krog, In My Country de John Boorman raconte une page cruciale de l’histoire de l’Afrique du Sud. Malheureusement, l’ensemble, souffrant d’une réalisation sans imagination, prend des airs de banal téléfilm inspiré d’un fait vécu plutôt que ceux d’un drame historique inspiré. Ainsi, sous le regard ironique de Jackson et les airs de mater dolorosa de Binoche défilent une à une les anciennes victimes qui confessent de douloureux souvenirs à leurs bourreaux repentants. Les propos sont certes bouleversants et les interprètes, sincères. Toutefois, l’exercice devient très tôt lassant. Sans doute pour maintenir le spectateur éveillé, on a ajouté à cela une histoire d’amour prévisible et dénuée d’intérêt entre la blanche africaine et le noir apatride. Et pour donner une couleur locale au tout, on nous assène sans arrêt des chants traditionnels. Il est vraiment dommage qu’on n’ait pas engagé un cinéaste sud-africain (documentariste ou non) pour s’attaquer à ce sujet colossal. In My Country aurait ainsi évité de poser ce regard distancié de l’étranger qui juge de haut une réalité lui échappant. En tout cas, Nelson Mandela, lui, a bien aimé ça…
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