Bewitched : Mauvais sort
La magie de Bewitched se perd dans d’innombrables clins d’œil à la série télé. Même la gymnastique nasale de Nicole Kidman n’y peut rien.
Petit garçon, on a été moins marqué par la bien-aimée Samantha que par sa consœur Jinny, dont la garde-robe exotique et le nombril saillant produisaient davantage d’effet sur l’imagination. Tout ça pour dire que personnellement, on aurait préféré que ce soit la seconde qui renaisse au grand écran. Mais bon, Hollywood a ses (dé)raisons que la raison ignore.
Appliquant à la lettre le précepte philosophique selon lequel tout est dans tout, les gens des studios Columbia ont imaginé qu’une sitcom obsolète pouvait engendrer une comédie romantique du tonnerre; mieux, qu’un artéfact télévisuel fossilisé avait le potentiel de défoncer le box-office. Ceux-là seraient sous le coup d’un puissant sortilège qu’on ne serait pas surpris.
Version revue et dépoussiérée de la populaire série télé du même intitulé, Bewitched n’est pas un remake d’appellation contrôlée. S’il en possède l’esprit révérencieux, il s’en distingue par la forme, légèrement décalée, et par le fond, si tant est que le mot soit ici d’usage.
Comédien de seconde zone, Jack Wyatt (Will Ferrell, endurable) est embauché pour jouer le rôle de Darren dans une remise à neuf de Bewitched. Pour camper le rôle de la sorcière Samantha, on recrute une inconnue qui excelle, comme il se doit, à remuer du nez. Or, il se trouve qu’Isabel Bigalow (Nicole Kidman, mignonne) possède vraiment des pouvoirs surnaturels, pouvoirs auxquels elle cherche à renoncer. Mademoiselle rêve de devenir une simple mortelle. La belle affaire…
Récit simplet soumis à une opération de chirurgie narrative, Bewitched prétend à un degré de complexité qui, dans notre vocabulaire, a pour synonyme "confusion". Pris à la pièce, les renvois directs (inclusion d’archives) ou indirects (adaptation de vieux gags) à la série se révèlent efficaces et, le plus souvent, rigolos. À force de regarder dans le rétroviseur, cependant, on finit par oublier ce qui s’en vient devant. Même les sorcières peuvent frapper un mur…
Finalement, à part quelques figurations sympathiques (dont celle de l’excellent Michael Caine en papa sorcier…) et divers effets spéciaux joyeusement amenés, la réalisation de Nora Ehpron (Sleepless in Seattle) n’a rien de vraiment magique à proposer. C’était quoi, déjà, la formule? "À bas, cadabra"…
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