La Guerre des mondes : Le ver est dans la pomme
Cinéma

La Guerre des mondes : Le ver est dans la pomme

La Guerre des mondes atteste l’angoisse d’un cinéaste rattrapé par l’actualité. Tous aux abris…

Steven Spielberg

n’en fait pas de secret: pour lui, l’heure est aux œuvres "sérieuses". Accusant le choc du 11 septembre en différé, le réalisateur de Catch Me If You Can se serait finalement laissé contaminer par le mal-être ambiant. Lui qui se plaisait à nous faire franchir le miroir merveilleux d’Alice présente maintenant le reflet de son époque. Pas très jojo comme image, mais parfaitement en phase avec les manchettes.

Son remake de La Guerre des mondes, Spielberg le présente comme un avertissement, une évidence, une nécessité. Plantant le film dans un avenir qui pourrait être demain la veille, le cinéaste appuie sur le sentiment d’urgence à véhiculer. L’ennemi, bien que venant d’ailleurs, est déjà "en nous". Il nous épie, nous observe. Devant cette menace, l’homme ne peut rien. Sinon prendre ses jambes à son cou. Sauver ses semblables? Oubliez ça. Et chacun pour soi…

Adoptant un point de vue "microscopique" (voir Signs, de M. Night Shyamalan…), Spielberg présente un drame localisé. Son "périmètre d’insécurité" est déployé quelque part au New Jersey. Manhattan (nous) sera épargné…

Se fiant à son instinct, Ray Ferrier (Tom Cruise, solide) tente de mettre ses enfants (Dakota Fanning et Justin Chatwin, bien) à l’abri d’extraterrestres hostiles qui zappent tout sur leur passage. Il se met en tête de conduire ses rejetons jusqu’à la maison de son ex (Miranda Otto, présence symbolique). Père manquant, adulte manqué, Ray est poussé vers la seule personne de son petit univers qui puisse offrir un modèle de stabilité.

Sa route sera longue. Son parcours, éprouvant. Spielberg lui met sans cesse des bâtons dans les roues. Sur son formidable parcours du combattant, Ray doit affronter ses propres peurs, se frotter à des foules hostiles, maîtriser un ex-ambulancier devenu gaga (Tim Robbins, sorte de mauvaise conscience du film). Néanmoins… si, au finish, un semblant d’ordre est rétabli, ce sera moins grâce au volontarisme du héros qu’à cause de la vulnérabilité des envahisseurs eux-mêmes.

Mise à jour appliquée et distrayante, La Guerre des mondes marquerait le début d’un cycle nouveau pour le cinéaste d’A.I., qui veut développer des sujets plus graves. Spielberg serait-il devenu pessimiste avec le temps? Réaliste, plutôt. L’éternel enfant aura finalement atteint l’âge adulte.

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