La vie comme elle va : L’homme à la caméra
Avec La vie comme elle va, le documentariste Jean-Henri Meunier a voulu partager sa passion pour la nouvelle vie qu’il mène dans un village du Sud de la France. Rencontre avec le cinéaste et ses rêves d’une vie meilleure.
Il y a un chef de gare qui se la coule douce, deux paysans saltimbanques qui partent divertir les enfants en Bosnie, une centenaire râleuse à l’âme révolutionnaire, un paysan bourru pour qui les choses ne tournent pas toujours rond, un mécanicien poète qui a aménagé une grotte pour sa statue de la Vierge Marie… Bienvenue dans le petit village de Najac, tel que vu, parfois comme dans un rêve, par l’un des siens, le documentariste Jean-Henri Meunier.
Il y a 10 ans, Meunier et sa famille décidaient "de se mettre au vert", comme l’ont fait un très grand nombre de familles françaises depuis quelques années.
"Le hasard a voulu qu’on trouve un petit bout de terrain de 25 000 m2 avec une ruine. Il était à vendre pour presque rien. On a restauré la ruine et on a quitté Paris! À 100 mètres de la maison, on a un voisin. C’est monsieur Sauzeau, avec son hélico qui fait du surplace, sa grotte et sa piscine. Et j’ai craqué tout de suite! J’ai commencé à le filmer avec une caméra numérique sans but précis, comme pour un home movie. Et puis, chez lui, j’ai rencontré Henri, le jeune paysan qui vient souvent lui donner un coup de main, Serge le boulanger qui vient lui porter du pain…" Et c’est comme ça qu’est né La vie comme elle va.
Ce charmant petit film est donc une balade à la campagne entreprise par un homme à la caméra qui, sans se presser, a parcouru les chemins de son village afin de partager sa passion pour cette existence. Sur une période de sept ans, il a filmé sans trop savoir ce qu’il allait faire. "Les choses te viennent en les voyant. Et de temps en temps tu as des cadeaux du ciel." Ce qu’il savait, par contre, c’est qu’il voulait rendre hommage à ses amis de Najac.
"Ces gens-là sont comme des résistants. Ils consomment très peu, vivent avec peu d’argent, ils savent que l’eau est rare et que pour consommer il faut d’abord semer. Ce sont des altermondialistes sans le savoir. Le film est aussi une façon de montrer qu’une autre vie est possible. C’est comme un témoignage."
Même si la portée sociale et politique est bien présente dans ce film, elle demeure en filigrane. Aussi, La vie comme elle va n’est pas l’œuvre d’un militant ou d’un ethnologue. C’est plutôt celle d’un cinéaste poète et lyrique qui a un "parti pris" pour sa nouvelle vie et ses nouveaux amis. Sa vision est donc idéale, idyllique même. Comme diraient les pères du cinéma direct, la part de subjectivité assumée est ici importante.
"Cet idéal, je le revendique totalement! Ce sont des particules de vérité que je cherche à recréer. Ce que je montre est très proche de la vérité, mais une vérité telle que je la perçois. Il est vrai que je trouve ces gens beaux et magnifiques. Alors, dans le film, j’avais envie de les montrer ainsi."
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