One More River : Les raisons de la colère
Cinéma

One More River : Les raisons de la colère

One More River propose un regard de l’intérieur sur la communauté crie au moment de la ratification de la "Paix des Braves". Du cinéma direct captivant et essentiel!

D’octobre 2001 à janvier 2002, Ted Moses, Grand Chef des Cris, fait une tournée des communautés cries de la Baie James dans l’espoir de faire ratifier l’entente de principe qu’il vient de négocier avec le gouvernement du Québec. Cette fameuse "Paix des Braves" permettrait à Hydro-Québec de poursuivre l’exploitation des ressources naturelles de la région en échange notamment d’une compensation financière de 3,5 milliards de dollars s’étalant sur 50 ans. Mais cette entente divise la population. Une opposition de plus en plus croissante ne voit en cette "paix" qu’un pacte avec le diable.

Les cinéastes Tracey Deer et Neil Diamond ont suivi le Grand Chef Moses durant son périple. Mais plus qu’un film sur une croisade politique, One More River est le portrait pénétrant d’un peuple fier mais désemparé: sa jeunesse est désœuvrée, ses leaders perçoivent encore parmi les leurs "l’esprit du colonisé" et ses aînés sont consternés devant la disparition du territoire et des ressources.

Grâce à un rythme soutenu, à des images fortes et à un montage habile, le film est un document captivant qui permet d’en apprendre beaucoup sur les raisons de la colère des Cris et des communautés autochtones en général. Dans One More River, les réalisateurs privilégient un point de vue critique face à l’entente (le titre du film évoque l’un des reproches adressés à Moses: avoir cédé à Hydro-Québec une rivière de plus) et adoptent une attitude de méfiance à l’endroit du gouvernement du Québec. Évidemment, on ne saurait reprocher à un documentaire engagé de prendre position…

Mais au-delà de tout ça, le film demeure une invitation au dialogue et représente un point de vue essentiel pour mieux comprendre certaines réalités culturelles qui sont au cœur des conflits (toujours d’actualité) entre Blancs et autochtones à propos des questions d’exploitation des ressources naturelles.

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