Charlie et la chocolaterie : Du bonbon
Cinéma

Charlie et la chocolaterie : Du bonbon

Dans Charlie et la chocolaterie, de Tim Burton, Johnny Depp incarne le plus étrange confiseur de toute l’histoire du  cinéma.

Dès la première scène où il apparaît avec sa redingote de velours mauve, son haut-de-forme et ses grosses lunettes bulbeuses, le Willy Wonka de Johnny Depp s’impose comme un nouveau triomphe d’excentricité et de douce folie de la part de l’acteur. Le faciès étrangement ciré, parfois fendu d’un rictus plutôt dément, Willy Wonka est le propriétaire de la plus fabuleuse confiserie du monde: une gigantesque et mystérieuse usine qui se dresse comme un château médiéval au-dessus d’une ville ouvrière tristounette.

Cinq enfants auront le privilège de visiter cette forteresse en compagnie de Willy en personne, après avoir trouvé l’un des billets d’or dissimulés dans des tablettes de chocolat Wonka. Parmi les heureux élus se trouve le timide et attachant Charlie Bucket (Freddie Highmore), un garçon aussi pauvre et gentil que sont riches et détestables les quatre autres participants.

Justement construit à la manière d’une visite guidée, le scénario va d’épisode en épisode comme on passe d’une salle à l’autre dans une galerie. Tim Burton a du génie pour concevoir des séquences individuelles regorgeant d’imagination et de fantaisie. Mais comme il l’a déjà souvent démontré dans ses films précédents, le cinéaste est moins habile lorsque vient le temps de lier ces vignettes. Du coup, son dernier film a parfois de la difficulté à lever. Ou alors, il a tendance à s’affaisser comme un soufflé avant la prochaine envolée.

À défaut de captiver sur le plan purement narratif, Charlie et la chocolaterie à Burton la matière première pour étaler dans toute sa folle splendeur son talent d’illustrateur. Chaque décor de cette confiserie titanesque a de quoi susciter l’émerveillement, et pas juste celui des enfants. Cela dit, les parents seront surtout charmés (et un peu déconcertés) par l’humour noir qui imprègne le film, et dont Johnny Depp est évidemment le vecteur principal. Il faut savoir que son personnage de confiseur lunatique est en réalité un parfait névrosé qui ne s’est jamais remis de ses traumatismes d’enfance (son père, un vilain dentiste, est joué par Christopher Lee). Grâce à ce personnage et à l’acteur, le dernier film de Burton ressemble souvent à du bonbon acidulé.

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