The Island : L'île aux clones
Cinéma

The Island : L’île aux clones

Avec The Island, Michael Bay propose un exercice d’anticipation redevable à l’un de ses contemporains célèbres. Habile reproduction.

Artisan rompu à la conception de grosses mécaniques testostéronées, Michael Bay n’est pas du genre à faire dans la subtilité. Et pourtant, avec The Island, récit d’anticipation maquillé en film d’action pure dynamite, le réalisateur d’Armageddon démontre une certaine sensibilité pour les questions de fond et la réflexion. Si le type n’a pas encore placé L’Être et le Néant sur sa table de chevet, il semble néanmoins avoir entrepris la lecture de La Génétique pour les nuls. C’est déjà ça.

Évoluant dans une société "régimentée" ayant survécu à une pandémie, Lincoln Six Echo (Ewan McGregor) et Jordan Two Delta (Scarlett Johansson) coulent des jours paisibles mais ennuyeux. Même la perspective de partir dans "l’Île", paradis extérieur promis aux gagnants d’une loterie hebdomadaire, n’arrive pas à les faire rêver.

En s’aventurant illégalement hors de son habitat naturel, Lincoln découvre à son grand désarroi que l’univers de poche qu’il habite n’est qu’un simulacre et que, comme ses congénères, il n’est en réalité que le clone d’un richard qui s’est offert la police d’assurance ultime. Cette découverte le mettant en danger, Lincoln est forcé de prendre la clef des champs. Avec son amie Jordan, il s’aventure alors dans le "vrai" monde.

Réflexion sur les effets pervers de la science, le film de Bay se double d’un commentaire moral qui, traduit dans le langage cinématographique propre au réalisateur, s’exprime en peu de mots. Le message, quoique schématique, n’en est pas moins clair et a le mérite de ne pas s’étirer. Pourquoi faire compliqué quand on est simple, dira-t-on à la décharge du cinéaste.

Recommandé à Michael Bay par Steven Spielberg, The Island participe d’une esthétique soignée qui emprunte à A.I. et Minority Report. Assimilées et régurgitées, ces deux œuvres servent de maquette à un film plastiquement réussi dont le design, fascinant, oscille entre le moderne et le futuriste.

Dommage qu’après un premier acte introspectif, Bay amorce les charges explosives et lâche les bolides. Le quota habituel de déflagrations et de poursuites échevelées est vite atteint. Quelques trouvailles scénaristiques viennent s’insérer dans ce programme détonant mais, finalement, le réalisateur, attaché à ses vieilles méthodes, résiste mal à la tentation de faire un clone de lui-même.

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