Le Grand Voyage : Les pèlerins
Cinéma

Le Grand Voyage : Les pèlerins

Le Grand Voyage, d’Ismaël Ferroukhi, nous entraîne du sud de la France jusqu’à La Mecque. Un regard sans préjugés sur l’Islam, présenté dans le cadre du Festival Images et Lieux de la Vallée-de-la-Gatineau (FIL) à Maniwaki.

La prémisse de ce premier long métrage d’Ismaël Ferroukhi, qui s’est d’abord fait connaître à titre de scénariste pour Cédric Kahn (Culpabilité, Trop de bonheur) avant de se faire remarquer sur la Croisette avec ses courts métrages, est si simple qu’elle pourrait en faire fuir plus d’un. Ce qui serait bien dommage puisque Le Grand Voyage s’avère un road movie d’apprentissage qui offre un regard à mille lieues des préjugés véhiculés sur la religion musulmane.

Alors qu’il s’apprête à passer son bac, le jeune Réda (Nicolas Cazalé, aussi beau que talentueux) doit conduire en automobile son père (Mohamed Majd, majestueux) jusqu’à La Mecque. D’Aix-en-Provence jusqu’en Arabie saoudite, les deux hommes devront apprendre à concilier leurs différences tant générationnelles, culturelles que religieuses. Mais le père comme le fils ont la tête dure.

Vous l’aurez deviné facilement, Le Grand Voyage reprend le thème fort convenu et des milliers de fois exploité de la longue et difficile réconciliation d’un père et de son fils. Qui plus est, on a l’impression que Ferroukhi reprend la dernière partie de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, celle où le jeune gamin accompagne le vieil homme dans son pays d’origine, pour en faire un conte initiatique moderne au parfum oriental. Qu’est-ce qui fait qu’on embarque alors?

Sans doute la sincérité de l’entreprise. Hormis quelques rares interventions de personnages secondaires, l’action se concentre sur les silences hostiles et les échanges difficiles entre le père et le fils sans jamais que le scénariste-réalisateur ne prenne parti pour l’un ou pour l’autre. Toutefois, cette absence de parti pris n’empêche pas l’émotion de survenir tout au long de cet envoûtant huis clos en mouvement.

Derrière la simplicité apparente, c’est l’audace de l’ensemble qui séduit. De fait, le cinéaste a promené sa caméra dans des coins de pays ravagés par la guerre où il est difficile de tourner, telles la Slovénie et la Serbie. Plus encore, grâce à une permission spéciale de l’ambassade d’Arabie saoudite, Ferroukhi nous offre une vue imprenable de La Mecque envahie par des milliers de pèlerins vêtus de blanc tournant autour de la Kaaba. Du jamais vu au cinéma.

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