Villa Paranoia : Le poulailler
Cinéma

Villa Paranoia : Le poulailler

Dans Villa Paranoia, d’Erik Clausen, le regretté Frits Helmuth campe un vieillard malade qui en fait voir de toutes les couleurs à son entourage. Un dernier rendez-vous à ne pas  manquer.

N’ayant pu décrocher le rôle d’Angélique dans Le Malade imaginaire de Molière, Anna (rayonnante Sonja Richter) accepte, non sans hésiter, de se faire l’aide-soignante du bourru Walentin (Frits Helmuth, d’un mutisme éloquent) dont le fils Jorgen (Erik Clausen, attachant malgré son personnage répugnant), éleveur de poulets cherchant désespérément une femme, refuse de se charger. S’étant lié d’amitié avec Walentin, Anna découvrira de douloureux secrets de famille.

Deux fois lauréat du grand prix Hydro-Québec du festival d’Abitibi-Témiscamingue, pour Rocking Silver en 1986 et Villa Paranoia l’an dernier, le réalisateur danois Erik Clausen livre ici une réflexion à la fois tendre et grinçante sur le mal de vivre dans le monde actuel, laquelle, à l’instar de ses personnages, s’apprivoise en douceur. Même si la fantaisie y triomphe de la morosité, l’univers coloré de Clausen semble par moments paralysé par son rythme léthargique et la lourdeur de la leçon que l’on veut nous servir.

De fait, démarrant de façon hésitante, Villa Paranoia se révèle d’abord rebutant avec ses trois protagonistes peu sympathiques, dont l’un ira jusqu’à commettre des gestes abjects. Mais petit à petit, sous le regard dénué de jugement de Clausen, ces derniers dévoileront leurs blessures profondes, jusqu’à devenir plus grands que nature. Fort de cette humanité, Villa Paranoia passe alors de la simple comédie dramatique à la fine étude de caractères. À la manière d’un Molière, Clausen s’amuse à briser les frontières entre la réalité (fictive) et la fiction (des jeux de rôles) et parvient en bout de ligne à brosser avec émotion, ludisme et un brin d’irrévérence le portrait d’une société égoïste qui n’a que faire de ses vieillards, de ses marginaux et autres laissés-pour-compte.

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En première partie du film de Clausen, sera présenté le court métrage Émilio de Manuel A. Codina. Après s’être fait donner une marionnette par la bienveillante intendante de la maison (Dorothée Berryman), un gamin (Alexandre Harvey-Cormier) délaissé par ses parents rêve à un mystérieux chat (Mario Saint-Amand) qui l’aidera à devenir un homme meilleur. Un joli conte signé par Codina et Christian Prémont qui bénéficie de la magnifique photographie d’Olivier Tétreault.

En primeur en Outaouais au Festival Images et Lieux de la Vallée-de-la-Gatineau
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