Twin Sisters : Sage comme une belle image
Cinéma

Twin Sisters : Sage comme une belle image

Twin Sisters, de Ben Sombogaart, est un film d’un classicisme parfois un peu lourd. Heureusement, certains interprètes illuminent l’écran.

Réalisé par Ben Sombogaart, cinéaste néerlandais d’expérience, Twin Sisters est un récit-fleuve en soi fort valable, mais qui n’atteint pas les sommets dramatiques qu’il vise, essentiellement parce que la réalisation manque de cran… et de temps.

Devenues orphelines à six ans, au milieu des années 1920, deux sœurs jumelles allemandes sont recueillies par des clans rivaux de leur famille. Lotte, de santé très fragile, sera emmenée en Hollande où elle sera soignée et élevée dans un univers doré. Anna, la plus allumée des deux, reste en Allemagne et vivra dans une ferme où règnent la violence et la misère. Pendant longtemps, les jumelles n’auront plus aucun contact.

Vingt ans plus tard, peu avant son mariage avec un musicien juif, Lotte (Thekla Reuten, solide), musicienne également et inscrite en études allemandes à l’université, retrouve sa sœur. Ayant quitté sa ferme, Anna (Nadja Uhl, tout simplement lumineuse) est devenue une domestique très compétente et n’est pas insensible à l’idéologie nazie. Les retrouvailles sont émouvantes, mais une remarque antisémite d’Anna provoque un froid entre les sœurs. Lotte rompt brusquement avec sa jumelle, qu’elle refuse désormais de revoir. Puis viendra la guerre.

En allant voir Twin Sisters, tiré d’un best-seller aux Pays-Bas et en Allemagne, n’espérez pas la moindre audace. De facture très classique, le film cherche à atteindre un large public en proposant un mélodrame très sage, qui ne fait pas trop de vagues et qui se contente d’effleurer une matière, laquelle propose pourtant des questions terrifiantes. Dommage aussi que l’ambiguïté fondamentale qui ravage les jumelles (surtout en ce qui concerne l’antisémitisme) ne soit pas développée davantage.

Notons que cette superficialité n’a pas empêché Sombogaart de trébucher à l’occasion sur certains effets dramatiques, sur une intervention un peu appuyée de la musique et, surtout, sur certains raccourcis et inconsistances pour le moins surprenants. Doit-on y voir un symptôme du toujours difficile travail de réduction du roman au film?

Twin Sisters n’est cependant pas raté. Le rythme du film est bon et les interprètes réussissent par moments à donner des ailes au film. Disons simplement que Twin Sisters a plutôt les allures d’un bon feuilleton télé. Format qui, d’ailleurs, en raison de sa plus grande ampleur temporelle, lui aurait convenu davantage.

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