Open Hearts : Pour l'amour du Dogme
Cinéma

Open Hearts : Pour l’amour du Dogme

Open Hearts, de Suzanne Bier, nous rappelle que, même soumis à des conventions rigoristes, les adeptes de l’école danoise n’ont pas peur de se frotter à des histoires romantiques.

Les premières œuvres conçues conformément à la charte du Dogme ont fait époque. Rafraîchissantes, novatrices, originales, disait-on à l’époque… Dix ans plus tard, l’effet "fraîcheur et nouveauté" s’étant estompé, on accueille désormais les films de l’école danoise avec un léger haussement d’épaule. Un autre? Oui, mais encore… Tout ça pour dire qu’on ne s’est pas rué sur Open Hearts, de Suzanne Bier, long métrage surfant la queue de la comète dogmatique.

Faisant siennes certaines des règles édictées par les disciples de Lars von Trier, le long métrage privilégie notamment les éclairages naturels et le son direct. Ce parti pris formel ne saurait cependant cacher l’essentiel: le vœu de chasteté respecté par l’auteure ne l’a pas empêchée de tourner une véritable histoire d’amour – un peu tordue, d’accord -, avec des crises, des trahisons, de la baise et des réconciliations.

Cecilie (Sonja Richter) et Joachim (Nikolaj Lie Kaas) s’aiment et vont se marier. Un triste accident vient faucher leur bonheur: heurté par une voiture, Joachim se retrouve soudainement privé de l’usage de ses bras et de ses jambes. Réagissant difficilement à l’accident, il se cabre et envoie promener tout le monde, y compris sa fiancée. Celle-ci, tout aussi dévastée, cherche réconfort. Elle en trouvera dans les bras de Niels (Mads Mikkelsen), médecin et mari de Marie (Paprika Steen), qui conduisait la voiture qui a renversé Joachim. C’est même Marie qui, naturellement, suggère à Niels de veiller sur Cecilie. Une relation naît, se développe et, bientôt, force à faire des choix. Niels décide de quitter femme et enfants pour vivre sa passion. Peu de temps après, Joachim revient à de meilleurs sentiments envers Cecilie. Oups.

Passé les prémisses tragiques qui, inévitablement, renvoient à Breaking the Waves, Open Hearts s’aventure sur les routes du mélodrame légèrement détraqué, violons en moins, détachement émotif en prime. Comme pris d’un engourdissement général, les protagonistes expriment leurs sentiments avec une retenue toute scandinave. Même leurs explosions sont jugulées par un indémontable sang-froid. Seule l’excellente Richter, dont le regard illuminé est impossible à éteindre, parvient à réchauffer les images froides et aseptisées. Grâce à la comédienne, Open Hearts trouve une étincelle, une couleur, qui lui permet d’assumer le poids du Dogme.

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