Hommage à Michel Deville
Cinéma

Hommage à Michel Deville

Le réalisateur français Michel Deville, qui a une trentaine de films à son actif, sera honoré lors du Festival International de Films de Montréal, qui présente aussi une rétrospective de son œuvre. Entretien avec le cinéaste.

Est-ce que les hommages de ce genre vous touchent encore?

"Oh, ça me touche toujours! D’abord, des rétrospectives, il n’y en a pas eu beaucoup, seulement une à Beaubourg. C’est très émouvant, surtout que c’est l’occasion de redécouvrir des films que je n’ai pas vus depuis longtemps. Je n’aime pas revoir mes films avant de les avoir un peu oubliés. Je peux alors les regarder d’un œil neuf et me retrouver dans la situation du spectateur."

Vous êtes déjà venu à Montréal, où La Lectrice a remporté le Grand Prix des Amériques.

"J’étais aussi venu en 1986 avec Le Paltoquet, qui a moins bien marché. Je suis revenu pour présenter La Lectrice, mais j’ai dû quitter avant la cérémonie de clôture pour aller au Festival de Telluride, alors Miou-Miou a accepté le prix à ma place. La Lectrice a remporté un grand succès international; pourtant, au début, personne n’y croyait. On me disait que les gens ne lisaient plus, que c’était trop français, qu’il n’y avait pas beaucoup d’action… Comme quoi on ne peut jamais prévoir comment un film sera reçu."

En plus des films les plus marquants de la carrière de Deville, le FIFM présente en première internationale Un fil sur la patte, une adaptation de la pièce de théâtre de Georges Feydeau.

Qu’est-ce qui vous a attiré vers l’œuvre de Feydeau?

"Après deux films très réalistes, La Maladie de Sachs et Un monde presque paisible, j’ai eu l’envie de faire un changement radical. De passer de récits tristes à la plus comédie des comédies. On s’est permis des fantaisies, on s’est amusé avec les costumes, les couleurs, les décors… Et le casting est extraordinaire."

On remarque que vous avez toujours un goût exceptionnel pour les actrices: Emmanuelle Béart, Julie Depardieu, Sara Forestier…

"Ça faisait longtemps que je voulais travailler avec Emmanuelle Béart. Plus on a envie de tourner avec un comédien, plus on a envie de lui proposer quelque chose de bien, quelque chose de différent de ce qu’il a fait auparavant. Emmanuelle n’avait jamais fait de vaudeville, et ici elle a vraiment un personnage haut en couleur. Pour ce qui est de Sara Forestier, je l’avais remarquée dans L’Esquive et j’ai tout de suite voulu la rencontrer pour le rôle de la jeune fille. Elle a une maturité exceptionnelle, tout en étant très mignonne."

Par le passé, vous avez aussi tourné avec pratiquement toutes les grandes actrices françaises: Anna Karina, Catherine Deneuve, Romy Schneider… Est-ce vous qui êtes un grand amoureux des femmes ou ce sont elles qui veulent jouer avec vous?

"Les comédiennes font rarement des avances, c’est moi qui vais vers les plus belles et talentueuses. J’ai eu la chance de travailler avec des femmes exceptionnelles depuis mes débuts."

Est-ce que vous considérez que votre cinéma a évolué à travers les années?

"C’est inévitable. On n’est plus le même à mon âge qu’à 30 ans. Dans les premiers films, on retrouve une certaine naïveté, mais une belle naïveté. C’est peut-être ce qui fait leur charme."