The Exorcism of Emily Rose : Le saint piège
The Exorcism of Emily Rose voudrait-il raviver en nous une foi vacillante? Laissez donc La Neuvaine s’acquitter de cette tâche.
De nos jours, il ne faut vraiment craindre ni Dieu ni démon pour oser porter un cas d’exorcisme au grand écran. Car il relève du casse-gueule, le sujet de l’"éviction démoniaque", depuis qu’une certaine Linda Blair a hébergé le grand Satan avec une hospitalité inégalable. C’était dans L’Exorciste de William Friedkin, le film d’horreur le plus terrifiant à avoir jamais été tourné – mention honorable à Gigli, avec Affleck et J.Lo.
Partant, si l’on doit chausser chaque matin les souliers du réalisateur Scott Derrickson, on fait quoi? D’abord, on sort des archives une histoire vécue, celle d’un prêtre-exorciste condamné pour homicide. Ensuite, on plante la moitié du récit en cour, ce qui nous éloigne des lieux épouvantables habituels.
Enfin, on se penche sur le cas des effets et du maquillage: faisons-en moins que plus, la surenchère sensationnaliste ne menant à rien. D’accord pour quelques punchs épeurants, placés çà et là. La musique? Ouais, d’accord, mais gaffe à la surdose de cordes paniquantes. Et silence, on tourne.
Appelé au chevet de sa jeune paroissienne Emily Rose (Jennifer Carpenter, tourmentée), le père Richard Moore (Tom Wilkinson, honnête) se livre à un exorcisme qui tourne mal. La possédée trépasse et le curé se voit accusé d’homicide.
Une avocate ambitieuse (Laura Linney, correcte) accepte de se charger de la défense. Le cas devrait lui permettre de prendre du galon. Mais attention, les forces du mal rôdent. Des témoins disparaissent, la peur s’immisce dans l’esprit de la défenseure. Bref, le procès s’en va chez le diable.
Ultimement, cet affrontement entre les forces du bien et du mal doit inévitablement se solder à l’avantage du premier camp. Quoique, nous rappelle-t-on au final, une fois qu’il a entrevu les ténèbres, l’esprit de l’homme ne connaisse plus jamais la paix. Dès lors faut-il se résoudre à endurer son sort avec courage et foi.
Le message, tout pétri d’abnégation judéo-chrétienne, tombe à plat. Mais le vrai et principal problème d’Emily Rose tient plutôt à ses carences scénaristiques. Le film hésite entre trois points de vue – ceux de l’avocate, du curé et de l’endiablée. Ne sachant à quel saint se vouer, le réalisateur finit par s’égarer, et nous avec. Enfer et damnation…
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