Cédric Kahn : Des nouvelles de Kahn
Cinéma

Cédric Kahn : Des nouvelles de Kahn

Le réalisateur Cédric Kahn sera de passage à Montréal cette semaine pour présenter son dernier film, L’Avion, en compétition officielle au FIFM. Nous avons discuté avec lui de sa jeune mais riche carrière.

Vous avez commencé votre carrière comme monteur. Est-ce que vous croyez que cela vous donne une vision différente en tant que réalisateur?

"C’est une école formidable, le montage. C’est la synthèse de tous les éléments du cinéma."

Vos deux premiers longs métrages, Bar des rails et Trop de bonheur, sont toujours inédits au Québec. Selon ce qu’on en a entendu, ce sont des films plus naturalistes que ceux que vous avez faits par la suite.

"C’est vrai. C’était des choses plus autobiographiques, plus personnelles. Après, j’ai fait des adaptations de livres, de faits divers, je me suis plus intéressé au cinéma de genre. Je n’ai jamais eu l’idée que tous mes films se ressembleraient, j’ai une grande soif d’expérimenter des choses différentes. Mais je vais peut-être revenir à une veine plus naturaliste bientôt."

C’est L’Ennui qui vous a fait connaître ici. Qu’est-ce qui vous a attiré dans le roman de Moravia?

"C’est en même temps un thriller, très philosophique et très érotique. C’était un matériau de cinéma formidable. Et puis le personnage de la fille était très fascinant pour moi, une fille qui ne dit rien et qui devient tellement forte parce qu’elle ne dit rien."

Comment avez-vous découvert Sophie Guillemin?

"On a fait un casting ouvert, avec des non-professionnels. Elle est venue comme ça, très désinvolte, juste pour gagner de l’argent. Elle avait quelque chose de proche du personnage, en même temps sans ambition et très forte, très volontaire."

Vous avez ensuite réalisé Roberto Succo, dans lequel on retrouve encore une adolescente qui a une relation avec un homme obsessionnel.

"Je m’intéresse souvent à des personnages qui sont un peu en marge de la réalité, qui refusent le monde réel et veulent s’en échapper. Roberto Succo est en mouvement tout le temps, il ne peut pas rester à un endroit, il fuit."

Feux rouges tourne aussi autour de l’errance. Ces films sont remarquablement cohérents, on sent que c’est le même cinéaste qui les a faits.

"J’ai toujours l’excitation de m’embarquer dans des aventures très différentes mais forcément, ne serait-ce que dans les images ou la façon de travailler avec les comédiens, il y a des choses qui reviennent."

Et maintenant, vous venez présenter L’Avion, un film clairement moins sombre et tourmenté.

"Le projet était de faire un film que les enfants puissent voir, mais en même temps, c’est très profond. C’est l’histoire d’un père qui offre à son enfant un avion jouet, puis le père meurt brusquement et l’enfant substitue le jouet à son père et devient ami avec le jouet, qui devient magique. L’avion lui permet de s’échapper, de voler."

En conclusion, comment résumeriez-vous votre carrière jusqu’à maintenant?

"C’est une question difficile, car j’ai l’impression d’avoir toujours fait des films, je n’ai pas beaucoup de recul. En fait, les films accompagnent ma vie. J’ai fait L’Avion maintenant car j’ai eu des enfants, je n’aurais pas fait ce film il y a 15 ans. J’essaie de faire en sorte que les films me ressemblent toujours le plus possible."