Familia : Ah, vous dirais-je maman…
Familia se penche sur les liens complexes qui unissent mères et filles. Programme ambitieux, à la fois édifiant et remuant.
Riche proposition à cheval sur observation sociologique et méditation intime, Familia s’est donné comme mandat premier d’étudier ces relations compliquées qu’entretiennent les mères et leurs filles.
Les sujets passés à la loupe sont issus de trois générations de femmes et appartiennent à des milieux sociaux différents. On constate, dans l’échantillon choisi, une variété intéressante qui permet de faire passer le propos avec davantage d’autorité.
Il y a d’abord Michèle (Sylvie Moreau), prof d’aérobie limite bohème, forcée de mentir et de chaparder afin d’assouvir un penchant pour le jeu. De quoi faire pleurer sa propre mère (Micheline Lanctôt) comme sa fille Marguerite (Mylène St-Sauveur).
À bout de ressources, Michèle cherche un refuge. C’est finalement sa vieille copine Janine (Macha Grenon) qui lui offre son toit. Janine l’embourgeoisée a ses propres ennuis: mari fantôme, enfants indifférents. L’arrivée de Michèle et de Marguerite a chez elle l’effet d’un révélateur.
Menant des vies radicalement différentes, les deux amies fonctionnent selon des valeurs incompatibles. Il va de soi que, au bout d’un moment, une coche sera pétée. L’explosion attendue aura des effets sérieux.
Pour son premier long métrage, Louise Archambault s’est attaquée à un vaste programme. Avortement, adultère, dépendance au jeu, hypersexualisation des ados… la recension des maux affligeant les protagonistes de Familia fait presque peur. Avec un tel capital traumatique, on se dit qu’il y aurait de quoi faire rouler n’importe quel téléroman pendant deux ou trois ans.
Du coup, il y avait danger que, par effet d’accumulation, on finisse par décrocher, qu’on ait envie de dire: "N’en jetez plus, la cour est pleine!" Mais Archambault parvient à gérer cette abondance de thèmes avec doigté. Surtout, elle tient le pathos en laisse. Le Kleenex reste dans la poche. Des émotions justes, vraies et fortes n’en circulent pas moins. Le jeu brillant des interprètes – Moreau et Grenon semblent avoir élevé leur jeu d’un cran, un cran et demi – n’est pas étranger à cette réussite.
Et les hommes, là-dedans? Victimes de compressions budgétaires, ils ont le profil (et le caquet) bas. Louise Archambault reconnaît que ces messieurs ont dû écoper. On ne saurait lui en tenir rigueur. Familia est un substantif qui prend la marque du féminin.
Voir calendrier Cinéma