FIFM : Hors d'oeuvre
Cinéma

FIFM : Hors d’oeuvre

Le FIFM s’est créé en seulement six mois et même si sa programmation ne casse pas encore la baraque, on y trouve quelques trucs plutôt potables à se mettre sous la dent. Notre récolte de la semaine.

WHERE THE TRUTH LIES

Réal.: Atom Egoyan. Avec Kevin Bacon, Colin Firth, Alison Lohman

Le 22 sept. au Théâtre Saint-Denis 2; le 23 au Quartier latin

Une jeune journaliste ambitieuse enquête sur la mort mystérieuse d’une femme de chambre retrouvée il y a 15 ans dans la baignoire de la suite d’hôtel d’un célèbre duo d’humoristes. Au Festival de Toronto, tout le monde ne parlait que de la fameuse cote NC17 attribuée à ce thriller d’Atom Egoyan, inspiré d’un roman de Rupert Holmes, en raison de certaines scènes à caractère sexuel. Dommage que peu de gens aient salué la structure éclatée du récit ainsi que l’interprétation impeccable de Bacon et de Firth en stars déchues. Signant ici son film le plus accessible, Egoyan explore avec brio les rouages d’une amitié indéfectible entre deux êtres unis par un terrible secret tout en dévoilant la face cachée du showbiz et des médias. Sexy, sulfureux, mais surtout envoûtant. (Manon Dumais)

A HISTORY OF VIOLENCE

Réal.: David Cronenberg. Avec Viggo Mortensen, Maria Bello, Ed Harris, William Hurt

Le 23 sept. au Théâtre Saint-Denis 1; le 24 au Quartier latin

Dans un petit bled paisible de l’Indiana, la vie d’une famille tranquille est bouleversée par le passage de gangsters portés sur la gâchette et la machette. Viggo Mortensen tient le rôle du patriarche, petit commerçant modeste hissé au rang de héros après avoir trucidé ses agresseurs. Adapté d’un roman iconique, A History of Violence paraîtra presque conventionnel à quiconque est abonné à l’œuvre du cinéaste de Crash. Cela dit, ponctué de trois épisodes de violence fulgurante, le nouveau Cronenberg entretient le malaise et nourrit l’angoisse. Notamment par l’emploi d’une trame sonore qu’on associerait à un genre filmique plus placide, voire disneyen. Malgré quelques défectuosités narratives, le film suscite une forme de fascination perverse. Soulignons au passage l’exquise séquence d’ouverture, comme venue d’un western imaginé par Tarantino. (Michel Defoy)

SAINTS-MARTYRS-DES-DAMNÉS

Réal.: Robin Aubert. Avec François Chénier, Isabelle Blais, Patrice Robitaille, Pierre Collin

Saints-Martyrs-des-Damnés de Robin Aubert.

Le 23 sept. au Théâtre Saint-Denis 1; le 24 au Quartier latin; le 25 au Théâtre Saint-Denis 2

Un journaliste se rend dans un petit village afin de faire la lumière sur une série de disparitions mystérieuses. Sitôt arrivé à Saints-Martyrs-des-Damnés avec son collègue photographe, le scribe constate qu’il y a anguilles sous roche. Première réalisation de longue haleine pour le comédien Robin Aubert, déjà auteur de quelques films courts. Bien servi par la photo de Steve Asselin, le film a pour lui une esthétique très riche. Coup de chapeau aux décorateurs et accessoiristes, qui ont donné beaucoup de personnalité aux lieux visités. Sur le plan formel, on reconnaît une parenté avec l’œuvre d’un Morin, d’un Forcier, mais aussi avec la série télé Grande Ourse. On dira en revanche que le scénario défend des idées qui paraissent sous-développées et que l’approche, volatile, hésite entre le thriller et la comédie fantaisiste. Quelque peu brouillon, mais néanmoins générateur d’une poésie hallucinée. (M. Defoy)

HORMIGAS EN LA BOCA

Réal.: Mariano Barroso. Avec Eduardo Fernandez, Ariadna Gil, Jorge Perugorria

Le 23 sept. au Quartier latin

À sa sortie de prison, Martín, un voleur de banques espagnol, se rend à La Havane pour retrouver son ancienne complice et petite amie qui s’est enfuie avec leur butin dix ans auparavant. L’oncle de cette dernière lui annonce qu’elle est morte, mais Martín est toujours déterminé à récupérer son argent. Il se retrouve alors impliqué malgré lui dans un violent conflit entre une veuve assoiffée de vengeance et un sénateur corrompu. Ce film noir moderne est plutôt bien ficelé et bénéficie de l’atmosphère décadente du Cuba d’avant la révolution. Par contre, le récit non linéaire n’arrive pas à conserver notre intérêt et les motivations des personnages ne sont pas toujours convaincantes. Et si Eduardo Fernandez interprète Martín avec intensité, Ariadna Gil n’impressionne pas dans le rôle de la femme fatale. (Kevin Laforest)

LE COURAGE D’AIMER

Réal.: Claude Lelouch. Avec Mathilde Seigner, Michel Leeb, Maïwenn, Massimo Ranieri

Le 23 sept. au Quartier latin; le 25 au Théâtre Saint-Denis 2

Une midinette aspirant à faire carrière dans la "poposphère" se lie à un Italien sur le déclin qui chante dans la rue. Séduite par un grand imprésario, elle est tentée de percer en solo. Lui trouve dans la trahison de la belle l’inspiration qui porte au sommet. Autour d’eux évoluent une brochette de protagonistes qui entrent et sortent de l’histoire comme on passe les tourniquets d’une gare. Grosse guimauve déguisée en film choral, Le Courage d’aimer accuse les tics habituels du réalisateur de Hasards ou Coïncidences: boursouflure narrative, effets de mise en abyme portant à confusion, sentimentalisme outré. Si on y a trouvé un plaisir coupable, c’est principalement en raison de quelques pointes d’humour vif et de notre amour pour les variétés musicales françaises. Ne le répétez surtout à personne. (M. Defoy)

À PART DES AUTRES

Réal.: Marcel Simard. Avec Macha Limonchik, Lucie Laurier, Maxime Denommée

Le 24 sept. à Ex-Centris

Intervenante dans un centre de réinsertion sociale, Sarah organise un projet d’atelier de cinéma pour tenter d’aider quatre jeunes à raccrocher. Elle compte sur le talent de Margot, jeune cinéaste venue de Québec, pour mener l’exercice à bon port. Invités à se confier à la caméra, les stagiaires racontent leur histoire à la troisième personne. Les émotions ressassées sont souvent difficiles à gérer. Résultat de cinq années de recherche et de travail de terrain, À part des autres privilégie une approche qui emprunte au documentaire – sur le plan de l’esthétique comme de la structure. Porteuse d’un commentaire éloquent sur les thèmes de l’exclusion et de la marginalité, cette huitième fiction de Marcel Simard (Les Mots perdus) se démarque surtout par ses vertus sociologiques. Du cinéma qui, bien qu’un peu carré, a le mérite d’éclairer une réalité qu’on a tendance à camoufler. (M. Defoy)

SCRAP HEAVEN

Réal.: Lee Sang-Il. Avec Ryo Kase, Joe Odagiri, Chiaki Kuriyama

Le 24 sept. au Quartier latin

Un secrétaire suicidaire prend en otages les passagers d’un autobus de nuit: Shingo, un policier poltron, Tetsu, un concierge anarchiste, et Saki, une pharmacienne borgne. Ces trois inconnus se recroisent par la suite dans diverses circonstances tournant autour d’étranges tentatives de déclencher une révolution à partir d’un cabinet de toilette. Fort d’un scénario aux nombreux rebondissements et d’une mise en scène tape-à-l’œil, Scrap Heaven se veut un genre de Fight Club japonais, avec ses bastons déchaînées et ses actes de terrorisme plus ou moins acceptables. L’extrême violence est tempérée par l’humour absurde qui se glisse entre les moments plus dramatiques, mais le film s’essouffle en fin de parcours et son propos sociopolitique n’est pas très clair. (K. Laforest)

QUAND LA VIE EST UN RÊVE

Réal.: Charles Gervais. Avec la musique de Muzion et Wyclef Jean

Les 23 et 24 sept. à Ex-Centris

De l’époque de l’esclavage à la misère actuelle, en passant par dictatures et catastrophes, Haïti ne l’a jamais eue facile. Narré par Frédéric Pierre, ce documentaire retrace les circonstances historiques ayant mené aux problèmes accablant toujours les Haïtiens. Le film donne la parole à des intervenants de toutes les classes sociales, du jeune de la rue au chef d’entreprise, et capte (souvent par caméra cachée) certaines des pratiques par lesquelles les plus désespérés tentent d’échapper au chaos ambiant, que ce soit l’exil, la prostitution, les milices révolutionnaires ou les rituels vaudou. Le film n’offre aucune solution valable pour Haïti, mais beaucoup d’autres se sont aussi butés à ce problème depuis 200 ans. (K. Laforest)

NIAGARA MOTEL

Le 24 sept. au Quartier latin; le 25 au Théâtre Saint-Denis 2

Réal.: Gary Yates. Avec Caroline Dhavernas, Kevin Pollack, Craig Ferguson, Wendy Crewson

Après avoir interprété avec brio une jeune femme confuse travaillant dans une boutique de souvenirs de Niagara Falls dans la télé-série injustement avortée Wonderfalls, la jolie Caroline Dhavernas demeure en terrain connu en tenant le rôle d’une jeune femme tout aussi confuse qui est serveuse dans un resto de Niagara Falls. Un maquereau sans envergure (Kevin Pollack), un concierge alcoolo (Craig Ferguson) et une mère de famille (Wendy Crewson) songeant à devenir prostituée sont quelques-uns des autres personnages dont les destinées s’entrecroisent dans cette comédie de mœurs de Gary Yates, qui aspire clairement aux sommets atteints par les films de Robert Altman (Nashville) et Paul Thomas Anderson (Magnolia). Malheureusement, une surabondance de longueurs et de ruptures de ton freine les ambitions du réalisateur canadien. (K. Laforest)