Michel Brault : Le grand maître
Cinéma

Michel Brault : Le grand maître

Michel Brault fait l’objet d’une rétrospective dans le cadre du FIFM. Pour la suite du monde…

Le parcours de l’homme en impose. Comme réalisateur, caméraman, directeur photo ou producteur, Michel Brault a laissé sa griffe sur quelque 200 films depuis le milieu des années 50. Avec ses amis Perreault, Jutra, Groulx, Dansereau et compagnie, il a contribué à donner ses lettres de noblesse à notre cinéma national. Retour sur quelques-uns de ses classiques, programmés au FIFM.

LES RAQUETTEURS (1958)

Avec Gilles Groulx, Brault immortalise un congrès de raquetteurs à Sherbrooke. Documentaire de facture candid eye à valeur ethnographique.

Michel Brault: "C’est un film important pour moi. Je le vois comme une étape dans le développement des techniques de prise de vue du cinéma direct."

LA LUTTE (1961)

Pleins feux sur les coulisses de la lutte professionnelle. Parmi les catcheurs filmés, un jeune Édouard Carpentier.

MB: "Au générique, vous voyez le nom de Roland Barthes, qui nous a fait découvrir l’aspect théâtre populaire de la lutte. On avait d’abord pensé en démonter les mécanismes."

GENEVIÈVE (1964)

Fiction courte mettant en vedette les adolescentes Geneviève Bujold et Louise Marleau. Observation douce-amère des émois amoureux d’une certaine jeunesse.

MB: "C’est Claude [Jutra] qui m’avait présenté Geneviève. J’ai été tout de suite emballé par son exigence. Elle ne fait pas les choses comme ça, sans motivations."

POUR LA SUITE DU MONDE (1962)

Chef-d’œuvre du cinéma direct. Brault, Pierre Perrault et Marcel Carrière immortalisent le quotidien des habitants de l’île aux Coudres. Cette fresque remarquable fut le premier film canadien présenté en compétition à Cannes.

MB: "C’est mon film le plus important. Comme pour Les Raquetteurs, il s’est fait grâce à une avancée technique. On faisait de la synchro avant la lettre. Il a fallu attendre encore quelques années pour que la caméra soit silencieuse, en 1965."

ENTRE LA MER ET L’EAU DOUCE (1967)

Premier long métrage de fiction de Brault. Claude Gauthier incarne un jeune chanteur des régions qui va tenter sa chance dans la grande ville. Toujours actuel. Avec Geneviève Bujold, Robert Charlebois et… Denise Bombardier.

MB: "On a fait ce film sans argent. On disposait de 15 000 $ comptant, ce qui a servi, je pense, à payer la pellicule. Inutile de vous dire que personne n’a jamais été payé…"

LES ORDRES (1974)

Film fort retraçant les événements d’octobre 70. Dans son Dictionnaire du cinéma, Jacques Lourcelles écrit: "Les images nues et glaciales [de] Brault peuvent à juste titre être qualifiées de kafkaïennes."

MB: "Jean Lapointe est arrivé dans le projet par hasard. On a fait un essai. Je ne savais pas trop quoi lui demander. Je l’ai filmé marchant dans une ruelle, ça a suffi."

QUAND JE SERAI PARTI… VOUS VIVREZ ENCORE (1999)

Brault relate la révolte patriote de 1838-1839. Réalisation de métier manquant un peu de relief émotif.

MB: "Faire un film historique, c’est une très grosse responsabilité. J’ai eu un surcroît de précaution face à l’Histoire, ce qui fait que je ne me suis pas réellement exprimé."

Voir l’horaire à www.montrealfilmfest.com