Save and Burn : Bibliothèques, entre espoir et chaos
Cinéma

Save and Burn : Bibliothèques, entre espoir et chaos

Save and Burn, du Montréalais Julian Samuel, soulève d’intéressantes questions sur la place et le rôle de la bibliothèque dans l’histoire des civilisations. Un traitement plutôt brouillon et chaotique qui laisse pantois.

Après Library in Crisis (2002), le cinéaste montréalais Julian Samuel s’intéresse une fois de plus au rôle qu’a joué – et joue encore – la bibliothèque en tant qu’institution sociale, culturelle et politique dans l’histoire des civilisations. Dans cette réflexion très à-propos, on y apprend – en vrac et dans une structure ainsi que dans un style parfois déstabilisants – que la bibliothèque a toujours été au cœur de débats passionnés et qu’elle s’est révélée lieu de contrastes et de contradictions, comme l’évoque d’ailleurs le titre.

Les spécialistes américains, arabes et européens interviewés par Samuel nous rappellent que la bibliothèque, dans l’Histoire, a facilité l’apparition d’idées révolutionnaires, mais a aussi su se faire la gardienne d’une pensée institutionnelle. De tout temps victimes d’agressions, au sens figuré comme au sens propre (Alexandrie, la bibliothèque de Bagdad, les bibliothèques palestiniennes en territoires occupés, etc.), les bibliothèques doivent être valorisées, aimées et protégées. C’est cet appel désespéré, et l’espoir qu’il soit entendu, que Julian Samuel a voulu relayer.

Or son effort est presque complètement anéanti par un traitement filmique plutôt laborieux: cadrages très approximatifs (de gens assis et qui parlent!), caméra tatillonne qui cherche constamment quelque chose à filmer comme dans une vidéo de touristes, effets visuels intégrés de façon souvent malhabile, images d’archives de piètre qualité, redondance entre image et son… Et il n’est pas ici question de déconstruction filmique délibérée et provocatrice, mais bien de difficulté à maîtriser le médium.

On veut bien croire que le film a été produit avec un budget serré, mais tout de même! Un documentaire est aussi une œuvre artistique. Et à moins d’avoir été tourné dans des conditions particulièrement difficiles (ce qui n’est pas le cas ici), il exige une recherche esthétique et une qualité minimale dans l’exécution.

Dommage aussi que le film ne fasse nullement place au point de vue québécois (à part un graffiti hostile à la Grande Bibliothèque). Mais ce ne serait pas faute d’avoir essayé; le cinéaste se dit persona non grata dans l’entourage de la Grande Bibliothèque.

Un peu trop brouillon pour prétendre à un véritable approfondissement, Save and Burn n’arrive pas à convaincre complètement. Il propose par contre de nombreuses idées importantes qui alimenteront sans doute les débats sur la place des bibliothèques dans notre civilisation.

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