Cinéma

Unfinished Life : Le vent du Wyoming

An Unfinished Life, de Lasse Hallström, prend finalement l’affiche après deux années passées sur les tablettes de Miramax. L’attente était-elle justifiée?

Entre le tournage et la sortie de An Unfinished Life, Lasse Hallström a eu le temps de tourner un autre film, Casanova, présenté au dernier Festival de Venise. Lorsqu’un studio repousse autant le lancement d’une de ses productions, cela n’inspire guère confiance. Pourtant, l’avant-dernier film du cinéaste suédois n’est pas particulièrement inférieur à ses précédents. Ceux qui ne peuvent pas blairer l’irrévocable sentimentalité du réalisateur de Chocolat et de The Cider House Rules ne changeront pas d’avis, mais quiconque n’est pas insensible aux paysages de cartes postales, à la musique sirupeuse et aux clichés larmoyants devrait y trouver son compte.

Après une raclée de trop, Jean (Jennifer Lopez) quitte son petit ami violent (Damian Lewis) avec sa fille Griff (Becca Gardner) et se réfugie au Wyoming dans le ranch de son beau-père, Einar (Robert Redford), un vieux cow-boy aigri depuis la mort de son fils, dont il tient Jean responsable. Complétent le tableau: Crane (Josh Lucas), le shérif qui fait des beaux yeux à Jean, et Mitch (Morgan Freeman), qui travaillait sur le ranch avant d’être brutalement agressé par un ours.

Einar va-t-il pardonner à Jean? Va-t-elle se pardonner à elle-même? Le gros méchant ex refera-t-il surface? Poser ces questions, c’est y répondre. Les surprises ne sont pas au rendez-vous dans An Unfinished Life; chaque tournure du récit est prévisible et chaque élément thématique ou symbolique est souligné au crayon gras. Mitch est celui qui est défiguré, mais les autres personnages ont tous leurs propres cicatrices, à peine moins visibles, et chacun aura à faire face à son ours, littéral ou figuratif.

Malgré un scénario bancal (coécrit par Mark Spragg et sa femme, Virginia, une ancienne thérapeute probablement à blâmer pour la psycho-pop qu’on y retrouve), le film échappe à la médiocrité grâce au jeu des comédiens. Les exploits de la Lopez étalés dans les journaux à potins en énervent beaucoup, mais force est d’admettre qu’elle se défend bien en tant qu’actrice, même aux côtés des vétérans Redford et Freeman. Ces derniers font preuve d’une belle complicité à l’écran, jouant les fidèles compères, comme Freeman l’a fait à plusieurs reprises avec Clint Eastwood. Rien de neuf sous le soleil du Wyoming, mais An Unfinished Life est tout de même un mélodrame honnête.

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