Les Poupées russes : J'aime les filles
Cinéma

Les Poupées russes : J’aime les filles

Dans Les Poupées russes, de Cédric Klapisch, nous retrouvons la petite bande de L’Auberge espagnole à l’aube de la trentaine. Entretien avec le sympathique cinéaste.

Vivotant de sa plume, Xavier (irrésistible Romain Duris) rêve de publier son roman L’Auberge espagnole qui dort dans ses tiroirs depuis cinq ans. Toujours entouré de femmes, dont son ex, Martine (Audrey Tautou), et sa copine lesbienne Isabelle (Cécile de France), Xavier collectionne les aventures sans lendemain. Par hasard, il croise le chemin de Wendy (Kelly Reilly) et de son frangin William (Kevin Bishop) qui s’apprête à épouser une ballerine russe. De Paris à Saint-Pétersbourg, en passant par Londres et Moscou, Xavier trouvera du matériel pour son prochain roman et qui sait, peut-être l’amour. Seront également au rendez-vous Soledad, Lars et Alessandro.

Au départ, Cédric Klapisch n’était pas chaud à l’idée de donner une suite à L’Auberge espagnole. Devant l’enthousiasme et l’encouragement des comédiens, il a (heureusement) fini par craquer après avoir hésité deux ans: "C’était un plaisir de retrouver ces personnages; le plus difficile, c’était de devoir couper et de savoir s’arrêter; j’aurais voulu faire un film de cinq heures pour raconter leur vie. Le plaisir de travailler avec ces acteurs, ce n’est pas que ce sont des stars, mais des gens exceptionnels. À mes yeux, ils sont comme des Rolls-Royce. Ça a l’air con de dire ça, mais il s’est vraiment passé quelque chose de magique lors du tournage du premier film; pour Romain, c’était la première fois qu’il composait un vrai personnage qui s’éloignait de sa personnalité, et pour Audrey, ça lui permettait de rompre avec l’image gentille d’Amélie Poulain."

À l’instar de L’Auberge espagnole, le titre du film est porteur de plusieurs sens; cette fois, l’ensemble, collé sur la nouvelle réalité européenne, prend une saveur slave: "Il y a une façon de parler de la Russie, qui n’est plus la même qu’hier. Le titre évoque aussi la fascination pour les femmes: à travers les différents personnages féminins, j’essaie de montrer qu’on ne peut réduire les femmes qu’à une seule image; il y a trop d’offres, alors, sentimentalement, on se retrouve à faire du zapping. En fait, il y a une référence très volontaire à L’Homme qui aimait les femmes de Truffaut; on parle toujours du fait que l’univers est un monde d’hommes, moi, je voulais prouver que les femmes sont fondamentales pour l’équilibre de cet univers."

Ceux que L’Auberge espagnole a séduits craqueront à coup sûr pour ce deuxième volet où, même si le ton se fait parfois plus grave et l’émotion plus à fleur de peau, la forme paraît encore plus ludique, le réalisateur s’amusant à composer des plans qui s’encadrent les uns dans les autres – d’où l’une des idées du titre – et des scènes fantaisistes où, par exemple, une princesse des temps modernes raconte ses malheurs: "J’ai essayé d’approfondir les choses; pour L’Auberge espagnole, j’aimais bien le côté enfantin et ludique et j’ai voulu aller encore plus loin dans les Poupées russes. Pour moi, le fond et la forme ne font qu’un; ici, cette folie de l’image traduit la confusion et la schizophrénie de l’époque. Si le film paraît plus fou, c’est que la vie de Xavier est plus folle."

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