Brothers : Le retour
Brothers, de Suzanne Biers, relate la difficile relation de deux frères en mêlant mélo et drame à saveur politique.
Brothers commence sur une note minimaliste, comme s’il suivait les règles de Dogme 95, avec caméra à l’épaule et absence d’artifices. Nous faisons alors la connaissance de deux frères, Jannik (Nikolaj Lie Kaas, qu’on a vu dans Les Idiots de Lars von Trier) et Michael (Ulrich Thomsen, Fête de famille), et en quelques minutes seulement, il est évident qu’ils sont très différents et que leur relation n’a jamais été paisible. En fait, leur relation est devenue presque inexistante, Jannik vivant une vie de bohème et ayant passé du temps derrière les barreaux, Michael étant souvent mené hors du pays par sa carrière militaire.
Peu après avoir renoué difficilement avec son frère, Michael quitte une fois de plus ses proches pour aller en mission en Afghanistan et leurs vies – et le film – sont profondément secouées lorsque l’hélicoptère dans lequel il prend place s’écrase. Contre toute attente, les deux filles de Michael et son épouse, Sarah (Connie Nielsen, Gladiator), sont réconfortées par Jannick. Soudainement fiable et empathique, Jannick gagne l’affection de Sarah… puis Michael resurgit.
Écrit par Anders Thomas Jensen (Wilbur Wants to Kill Himself), Brothers est un drame aux émotions fortes que la réalisatrice Susanne Bier (Open Hearts) aborde avec sobriété. Kaas et Thomsen s’y avèrent touchants, particulièrement pour quiconque a déjà entretenu un rapport complexe avec un frère. Aussi très juste, Nielsen navigue dans de délicats remous sentimentaux sans jamais perdre notre sympathie.
Le film fait un pari plutôt risqué, nous invitant à nous impliquer dans l’intimité qui se crée entre Jannik et Sarah, tout en nous montrant les horreurs que vit Michael pendant ce temps en Afghanistan. Ces scènes de torture aux mains des talibans, très intenses et efficaces, ne cadrent pas parfaitement avec le reste du récit, un mélodrame amoureux qui n’a pas grand-chose à voir avec la guerre, le terrorisme et la politique. Cependant, la suite des choses se révèle bouleversante, alors que la dynamique entre les personnages change drastiquement. Ouvre déconcertante, Brothers semble initialement assez simple, mais atteint des sommets proches de la grande tragédie.
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