Proof : Tel père, telle fille
Cinéma

Proof : Tel père, telle fille

Dans Proof, du réalisateur de Shakespeare in Love, Gwyneth Paltrow incarne une mathématicienne qui a peur de perdre la boule. Entrevue avec le cinéaste John Madden et l’actrice Hope Davis, rencontrés au Festival international de films de  Toronto.

Alors qu’elle vient de perdre son père Robert (Anthony Hopkins, égal à lui-même), brillant mathématicien ayant sombré dans la folie, Catherine (Gwyneth Paltrow) reçoit la visite de sa sœur Claire (Hope Davis), qui tente de la sortir de sa torpeur – la jeune mathématicienne craint de devenir folle -, et de Hal (Jake Gyllenhaal, très bien), élève de Robert, qui veut prouver le génie de son ancien prof.

D’abord créé par Mary Louise Parker à Broadway, le rôle de Catherine a échoué à Gwyneth Paltrow lorsque le metteur en scène John Madden a décidé de monter Proof, de David Auburn, à Londres: "Mary Louise était absolument fantastique dans ce rôle, d’expliquer Madden, mais je ne me voyais pas faire la pièce avec une nouvelle équipe et une actrice qui connaissait si bien le rôle. À un certain moment, Gwyneth, que j’avais dirigée dans Shakespeare in Love, m’apparaissait un choix naturel. Elle était incroyable au théâtre, elle avait une façon si nuancée de jouer; nous jouions la pièce dans une petite salle très intime, ce qui nous permettait cette approche plus près du cinéma que du théâtre. Pour moi, il ne faisait aucun doute qu’elle incarnerait Catherine au grand écran."

Un choix qu’on ne saurait contester puisque Paltrow y fait montre d’une remarquable sensibilité; il faut dire qu’entre la pièce et le tournage, l’actrice oscarisée a perdu son père, le réalisateur Bruce Paltrow, ce qui, selon Madden, l’a aidée à approfondir son personnage et à s’y identifier davantage: "Je crois que par sa relation avec son père, Gwyneth comprenait bien la symbiose qui existe entre Catherine et son père. Plus encore, Catherine ne se demande pas si elle est un génie, mais bien si elle est folle, et ça, je crois que nous sommes plusieurs à nous le demander."

Au côté de Paltrow brille l’actrice caméléon Hope Davis, qui apporte une bouffée de fraîcheur dans cet ensemble élégant et classique où les personnages s’échangent des répliques fort bien ciselées: "Pour ce personnage maniéré, je me suis inspirée d’une ancienne connaissance toujours tirée à quatre épingles. Ce qui me fascinait chez elle, c’était qu’elle semblait si près des gens alors qu’elle ne pensait qu’à elle-même. Claire n’a rien en commun avec sa famille, particulièrement avec sa sœur, d’où le grand défi pour moi d’entrer en contact avec les autres acteurs; Gwyneth, qui connaissait si bien la pièce, m’a énormément donné."

Enfin, pour ceux qui abhorrent les mathématiques, sachez que celles-ci, dans Proof, nous apparaissent comme de la poésie. De conclure Madden: "Nous voyons les mathématiques comme quelque chose d’ennuyant, de concret, alors qu’elles ont un je-ne-sais-quoi d’intoxicant qui passionne les gens. Lorsqu’un mathématicien finit de rédiger sa preuve, cela devient un moment d’épiphanie semblable à ce que ressent un compositeur qui signe une symphonie." Un film qui récoltera sans doute sa large part de nominations aux Oscars.

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