Oliver Twist : Polanski trop poli
Cinéma

Oliver Twist : Polanski trop poli

Pour Oliver Twist, le réalisateur du Pianiste s’efface derrière les grandes lettres de Dickens. Occasion ratée.

À ce qu’il paraît, Roman Polanski cherchait une histoire à raconter à ses (pas si) jeunes enfants. L’idée lui vient d’adapter Oliver Twist, le classique de Dickens maintes fois porté au grand écran. Polanski demande à son acolyte Ronald Harwood, qui a scénarisé Le pianiste, de s’atteler au projet. Prometteur. Le tournage se déroule sans anicroches. Une sortie automnale est annoncée. Sur les entrefaites, les premières critiques transpirent. Elle sont mitigées. Qu’est-ce qui a cloché?

Polanski, qui n’en est pas à sa première adaptation livresque (Macbeth, Tess) a choisi de respecter fidèlement le texte. Du coup, en s’effaçant derrière l’œuvre, le réalisateur a oublié de s’investir personnellement. Produit de qualité qu’on dirait estampillé Masterpiece Theatre, cet Oliver Twist lui ressemble finalement assez peu. C’est lors du dernier tiers, plus grave et plus sombre, qu’on le reconnaît enfin.

Pour le bénéfice de ceux et celles qui n’auraient pas eu le temps de relire leur Dickens l’été dernier, évoquons brièvement le parcours d’Oliver. Chassé de l’hospice pour avoir demandé une ration de porridge supplémentaire, l’orphelin Twist (Barney Clark) se retrouve à la rue. Il décide de partir pour Londres, où il tombe bientôt sous la coupe d’une bande de voleurs à la tire dirigée par le vieux Fagin (Ben Kingsley). Recueilli par un vieux richard, Mister Brownlow (Edward Hardwicke), Oliver semble en voie d’échapper à son triste destin. Mais attention, un associé de Fagin rôde aux alentours…

Irréprochable sur le plan esthétique, Oliver Twist participe d’un grand souci réaliste. Costumes et accessoires, éclairages et décors – le Londres du XIXe est efficacement recréé à Prague -, tout est au poil. S’il se révèle fort habile dans sa manière de recréer l’époque, le réalisateur de Chinatown peine pourtant à faire passer le courant. Ses interprètes ne sont pas à blâmer, eux qui défendent leur rôle du mieux qu’ils le peuvent. Ben Kingsley semble s’amuser dans la peau ratatinée de Fagin et le jeune Barney Clark fait un Oliver attachant. Mais voilà, Polanski a voulu faire un film pour ses enfants… On préfère nettement quand il n’écoute que sa propre muse.

Voir calendrier Cinéma