Opération retour : Dommages collatéraux
Opération retour, de Luc Côté, donne la parole à d’anciens combattants qui auraient préféré ne jamais revenir de leur mission de paix en vie.
Transformés en machines à tuer à la suite d’entraînements rigoureux, les soldats passent souvent aux yeux du commun des mortels pour des êtres invincibles. Or, tel que le prouve avec éloquence Opération retour de Luc Côté, 15 à 20 % de ces hommes et femmes reviennent depuis 1990 de leur mission de paix brisés à jamais, victimes du syndrome de stress post-traumatique. Hantés pour toujours par les visions d’horreur dont ils ont été témoins, ces ex-militaires libérés des forces pour des raisons de santé sont laissés à leur détresse psychologique par l’armée qui ne les reconnaît pas comme des blessés de guerre et qui va jusqu’à négliger le taux de suicides dans ses rangs.
Afin de dénoncer ce phénomène tabou, le cinéaste Luc Côté (Quand le cirque débarque en ville) livre sans fard les témoignages éprouvants de quatre hommes et une femme condamnés à vivre avec le syndrome de stress post-traumatique. Devant l’indifférence de l’armée, l’un d’eux, Stéphane Grenier, directeur des communications sous les ordres du général Dallaire, a fondé un programme de soutien afin de venir en aide aux soldats (le SSVSQ).
Au cœur des propos déchirants de ces ex-militaires, se retrouvent l’amertume d’avoir été abandonnés par une institution à laquelle ils étaient attachés et le désarroi face à un gouvernement qui ne fait rien pour les aider à réintégrer la société. Sans parler de leur envie d’en finir, de leurs angoisses… Comme le résume laconiquement Georges Dumont, ancien sergent dans l’infanterie: "Les gars, c’est pas de la mort qu’ils ont peur, c’est de la vie. " Entre les larmes et les serrements de gorge que provoquent Opération retour, comment ne pas avoir envie de crier à l’injustice à notre tour?
Précédant le documentaire-choc de Côté, le charmant film d’animation À travers mes grosses lunettes de Pjotr Sapegin met en scène un Norvégien (voix de Septimiu Sever) qui raconte à sa petite-fille ses souvenirs de la Seconde Guerre mondiale. Un récit grave inspiré d’un fait vécu raconté avec humour, naïveté et fantaisie.
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