Chaussure à son pied : Ma sour, mamie et moi
Cinéma

Chaussure à son pied : Ma sour, mamie et moi

Avec Chaussure à son pied, Curtis Hanson signe un film de filles au-dessus de la moyenne.

Lorsque l’on dit d’une production que c’est un film de filles, ça peut sembler dérogatoire, mais ce n’est parfois que la meilleure façon d’en décrire le genre. Ça ne veut pas dire pour autant que seule une fille puisse apprécier une œuvre de ce type. Dans le cas de Chaussure à son pied, le film n’a même pas été réalisé par une femme mais bien par Curtis Hanson, principalement reconnu jusqu’à maintenant pour nous avoir plongés dans les univers pleins de testostérone de la police (L.A. Confidential) et du rap (8 Mile).

Le scénario a tout de même été écrit par une femme, Susannah Grant, qui a adapté un roman de Jennifer Weiner portant sur la relation cahoteuse entre deux sœurs on ne peut plus différentes. Rose (Toni Collette) est une avocate à la vie personnelle bien rangée, alors que Maggie (Cameron Diaz) vit à son crochet, n’arrivant jamais à garder un emploi et passant la majeure partie de son temps à boire et à coucher avec n’importe qui. Après une grosse chicane où chacune lance des répliques cruelles qu’elle regrette immédiatement, Maggie claque la porte et disparaît de la vie de sa sœur, se réfugiant en Floride dans la communauté pour retraités où vit leur grand-mère (Shirley MacLaine).

Il n’est pas trop ardu de deviner que les deux sœurs finiront par se réconcilier et apprendre l’une de l’autre, Maggie devenant plus responsable et Rose se permettant plus de folie. Difficile d’imaginer une trame narrative plus classique et prévisible que celle-ci, mais Hanson l’aborde avec une subtilité et un souci de réalisme qui ne sont pas toujours de mise dans les comédies sentimentales. On rit et on pleure en regardant Chaussure à son pied, mais on apprécie surtout la finesse avec laquelle les personnages sont développés. Ainsi, Diaz, qui a souvent joué les greluches un peu fofolles auparavant, montre ici à quel point ce type de comportement peut être pathétique, résultant moins d’une belle insouciance que d’une insécurité pour laquelle elle tente de compenser à excès. Sans atteindre le génie de Wonder Boys, qui demeure le chef-d’œuvre de Hanson, Chaussure à son pied est un film beaucoup plus complexe émotionnellement qu’il en a l’air, dans lequel tous sauront se reconnaître, filles ou pas.

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