Novembre : Photo-finish
Dans November de Greg Harrison, une ex-star de Friends est hantée par de douloureux souvenirs.
Après Jennifer Aniston dans The Good Girl et Lisa Kudrow dans les films de Don Roos, Courteney Cox est la dernière comédienne de Friends à tenter de réorienter sa carrière en tenant la vedette dans un film indépendant à petit budget. Sans se révéler une tragédienne magistrale, Cox est convaincante dans le rôle de Sophie Jacobs, une professeure de photographie souffrant de violentes migraines depuis le soir de novembre où son petit ami (James LeGros) a été tué lors d’un vol à main armée dans un dépanneur. Ses maux de tête sont accompagnés d’hallucinations et de cauchemars récurrents, et Sophie commence à s’interroger sur sa santé mentale. L’apparition de mystérieuses photos montrant sa voiture devant le dépanneur le soir du meurtre complique encore plus les choses.
La confusion de la protagoniste est partagée par le spectateur, placé devant peu de repères fiables. La chronologie est totalement éclatée et le récit prend place dans une réalité subjective reflétant moins les souvenirs véritables de Sophie que son subconscient. Un peu à la manière de Cours Lola cours, le film effectue plusieurs retours en arrière, rejouant certaines scènes sous d’autres angles, avec des conséquences différentes pour les personnages.
On découvre peu à peu que Sophie est rongée par la culpabilité, non seulement parce qu’elle se sent responsable de ce qui est arrivé à son amoureux, mais aussi parce qu’au moment du drame, elle le trompait avec un autre depuis plusieurs semaines. Mais encore là, ce n’est qu’une fraction des faits; comme pour une photo, c’est souvent ce qui est exclu du cadre qui est le plus évocateur.
November a remporté le prix de la meilleure direction photo au dernier Festival de Sundance, et il est facile de voir pourquoi. Chaque partie du film a une facture visuelle très spécifique, illustrant les différentes étapes du deuil. Les images monochromes bleues du premier acte (négation, dépression) passent au rouge sang par la suite (colère), pour finalement adopter des couleurs relativement normales (acceptation).
Greg Harrison, qui se réclame de Nicolas Roeg, d’Alain Resnais et de Steven Soderbergh, réalise ici un thriller psychologique plutôt efficace, même si les méandres du scénario de Benjamin Brand sont davantage un exercice de style qu’une réelle réflexion sur la mémoire.
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