Stay : Entre la vie et la mort
Cinéma

Stay : Entre la vie et la mort

Stay, de Marc Forster, avance avec témérité sur le fil ténu qui sépare la réalité de l’illusion. Méfiez-vous des  apparences.

Malheur au cinéphile retardataire qui loupera les premiers instants de Stay. Privé d’images propres à décoder la suite des événements, il risque de galérer jusqu’à la conclusion. Déjà que, même en portant une grande attention aux détails échantillonnés d’entrée de jeu, on risque de sérieusement se surtaxer les neurones.

Séance de remue-méninges déguisée en drame psychologique, Stay suit un fil conducteur sciemment décousu qui semble vouloir rattacher ce bas monde à l’au-delà. Accumulant raccords surréalistes, effets trompe-l’œil et détails cryptiques, le film tisse comme une toile d’araignée, genre veuve noire schizophrène, qui fascine ou rend fou, c’est selon.

Enfin, tâchons de résumer les choses telles qu’elles se présentent à l’œil. Gardez simplement en tête que ce synopsis renseigne sur les apparences mais que, au bout du compte, Stay se joue plutôt à l’envers des décors. Confus? C’est bon signe.

Voyons voir… Le psychiatre Sam Foster (Ewan McGregor) tente d’empêcher un jeune patient, Henry Lethem (Ryan Gosling), de s’enlever la vie. Ce dernier a même lié le geste qu’il compte poser à une date précise. Troublé par cette annonce, Sam tente d’en apprendre davantage sur le suicidaire.

Son enquête prend rapidement un tour étrange. Coïncidences inexpliquées, apparitions fantomatiques, ressemblances troublantes… plus on avance et plus le mystère s’épaissit. Au bout d’un moment, Sam commence à perdre la boule. Sa petite amie Lila (Naomi Watts) s’inquiète pour lui. Et le spectateur aussi. C’est finalement quand Sam retrouve Henry sur le pont de Brooklyn, théâtre d’une mort annoncée, que le brouillard se dissipe.

Réalisé par Marc Forster (Monster’s Ball) d’après un scénario de David Benioff (The 25th Hour), Stay appartient à cette rarissime et précieuse catégorie de films favorisant la gymnastique mentale. L’exercice ne s’arrête pas au moment où commence à défiler le générique final, au contraire. Il y a encore un plaisir analytique à tirer pour peu qu’on soit enclin à rembobiner le film dans sa tête.

La réussite, en ce qui concerne ce genre d’œuvre, tient à une chimie très délicate. Forster en a bien saisi les subtilités, lui qui propose une adéquation entre les effets visuels décalés et les déroutages narratifs répétés. Le résultat, aussi dense qu’halluciné, évoque un épisode de Twilight Zone conçu sous acide. Fascinant.

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