Films d’horreur : Légion d’horreur
Autopsie de quelques films d’horreur ayant fait les choux gras des vidéoclubs des premiers temps. Après les Wood et Lugosi, Hammer, Lee, Cushing et Price…
LES CLASSIQUES
Halloween, de John Carpenter (1978)
D’abord, impossible de passer à côté de la vague de slashers qui a déferlé sur les années 70 et 80, multipliant autant les meurtres que les films en série (The Texas Chainsaw Massacre, Friday the 13th, A Nightmare on Elm Street, Hellraiser, Child’s Play, etc.) Parmi ceux-ci, Halloween mise sur le suspense plus que sur les effets spéciaux, en nous faisant partager le regard du tueur, un fou échappé de l’asile ayant assassiné sa sœur à la veille de la Toussaint alors qu’il n’avait que six ans et apparemment prêt à remettre ça.
Carrie, de Brian De Palma (1976)
Deux ans plus tôt, Carrie était le premier d’une longue lignée de romans de Stephen King (The Shining, Christine, The Dead Zone, Cujo, Children of the Corn, The Running Man, Pet Sematary, etc.) portés à l’écran. Signé Brian De Palma, ce film, racontant l’histoire d’une jeune fille possédant des pouvoirs télékinésiques, a le mérite de mettre en relief la dimension psychologique du drame, l’horreur y résidant moins dans l’hécatombe que dans la cruauté, l’humiliation et le fanatisme dont l’héroïne (Sissy Spacek, mise en nomination aux Oscars) est victime.
The Evil Dead, de Sam Raimi (1983)
Enfin, au nombre des revenants en tous genres (les fantômes de The Fog et Poltergeist, les vampires de The Lost Boys, etc.), les morts-vivants ont la cote au cours de cette période, grâce aux œuvres de Romero, bien sûr, mais aussi, à The Evil Dead, de Sam Raimi, où cinq amis réfugiés dans un chalet abandonné doivent combattre un esprit maléfique, possédant ses victimes jusqu’à ce qu’elles soient complètement démembrées. Non sans une certaine dose de grotesque, donc, un film à l’inventivité funeste, où règne une atmosphère redoutable.
CEUX QU’ON A INTELLECTUALISÉS
The Exorcist, de William Friedkin (1973)
Certains y voient "une préfiguration de la révolution "manichéenne" qui allait ramener au pouvoir la droite de Reagan, et ses discours sur l’Empire impie du diable", alors que "Satan [y] prend la place du père et du mari absents" (honni soit le divorce…) et que la science faillit là où l’Église triomphe (Le Nouvel Hollywood, 2002). Avec les plus grosses recettes de l’année, nombre d’oscars et de Golden Globe, on ne peut à tout le moins nier que le film ait été marquant… surtout pour ceux qui s’évanouissaient ou vomissaient dans les salles!
The Shining, de Stanley Kubrick (1980)
Lorsque Stanley Kubrick donne dans l’horreur, on est tentés de creuser sous la surface; ici, l’histoire d’un homme (Jack Nicholson) possédé par un crime passé. Ainsi, Bill Blakemore ("The Family of Man", The Kubrick Site) avance que The Shining porterait en fait sur le génocide des peuples autochtones, voire sur l’aveuglement de l’Amérique à son égard, alors qu’il est truffé d’indices (le nom de l’hôtel: Overlook, le fait qu’il soit construit sur un cimetière amérindien, divers motifs, etc.), que le spectateur croise sans toutefois les reconnaître.
Videodrome, de David Cronenberg (1982)
De même, une intrigue aussi particulière que celle de Videodrome, où la vie d’un producteur de télé et même son corps se voient contaminés par une émission hyper violente, n’est pas sans prêter flanc à l’interprétation. Pour David Blakesley ("Eviscerating David Cronenberg", Enculturation, 1998), son héros est un cyborg qui, plutôt que de transcender l’optimisme matériel qui l’a créé et, de ce fait, exposer son potentiel destructif (comme le monstre de Frankenstein), devient la pure incarnation de l’idée de Marx voulant que la vie (et la matérialité) détermine la connaissance.
LES CULTES COMIQUES
Attack of the Killer Tomatoes!, de John de Bello (1978)
Dans un registre comique, mais plus inepte que celui des Young Frankenstein, The Rocky Horror Picture Show et Fright Night, notamment, Attack of the Killer Tomatoes! parodie les films d’invasion extraterrestre aussi bien que de créatures tous azimuts (Jaws, Gremlins et autres Piranha), à travers des blagues à la Airplane – souvent faciles – et suivant une trame plutôt décousue. N’empêche, force est d’admettre que l’absurdité de l’ensemble a son charme.
The Toxic Avenger, de Michael Herz et Lloyd Kaufman (1985)
Autre incontournable du domaine de l’humour potache, quelque part entre le freak et le super-héros, Toxique le Ravageur est ce jeune concierge de club d’entraînement maigrichon et stupide qui se transforme en monstre justicier après être tombé dans un baril de produits chimiques. S’illustrant par son manque total de classe, le film table sur le ridicule des clichés du genre et un côté trash plutôt imaginatif, ne serait-ce qu’en matière de supplices…
Re-Animator, de Stuart Gordon (1985)
Enfin, dans un style plus sombre, où l’humour délaisse la moquerie pour donner dans le macabre – à outrance, évidemment -, Re-Animator met en scène un étudiant en médecine ayant découvert un sérum capable de réveiller les morts. Est-il besoin de spécifier qu’ils ne seront pas de très bonne humeur? Bref, une histoire de savant fou, librement inspirée d’un texte de H.P. Lovecraft, qui tourne à la véritable orgie gore et se solde par une attaque de zombies en règle.