Vent du nord : Région sauvage
Cinéma

Vent du nord : Région sauvage

Vent du nord exploite avec cœur le filon du drame social. Un premier essai hollywoodien réussi pour la réalisatrice néo-zélandaise Niki Caro.

Schéma classique: à partir du tremplin offert par quelque réalisation remarquée, un cinéaste "étranger" fait le saut à Hollywood pour s’attaquer à un gros projet. C’est sans doute sur la foi du succès remporté par son long métrage Whale Rider que la Néo-Zélandaise Niki Caro a obtenu de plancher sur une production à l’américaine dotée d’une affiche bien garnie et d’un cahier des charges touffu.

Certains s’y sont essayés qui ont vu leurs idéaux prendre le bord. D’autres se sont fort bien tirés d’affaire. Niki Caro appartient à ce second groupe. Mettant son talent au service d’un projet de qualité, la réalisatrice livre un film édifiant qui ne manque pas de personnalité.

Drame social ayant pour théâtre une bourgade industrieuse du Minnesota, Vent du nord met à nu les imperfections du tissu social qui minent le quotidien d’une communauté ordinaire. Dans ce rude coin de pays, la distribution des rôles relève d’un sexisme primaire. Les hommes portent la culotte, les femmes s’occupent des affaires domestiques. Certaines ont cependant commencé à occuper des postes traditionnellement réservés à ces messieurs.

C’est le cas de Josie Aimes (Charlize Theron), mère – de famille monoparentale – de deux enfants, qui s’est trouvé un job à la mine où bosse son père Hank. Exaspérée par les railleries et les comportements déplacés de collègues défendant leur "mâlitude", Josie trouvera le courage de traîner la compagnie en cour. Cause célèbre et sans précédent.

Histoire basée sur des événements véridiques, Vent du nord pioche avec courage dans le gisement cinématographique d’où ont été extraites des œuvres "engagées" telles Norma Rae ou Silkwood. Le propos sociologique exploité se double de la quête personnelle de l’héroïne – qui cherche à mater quelques démons personnels – et d’épisodes secondaires joués par les (excellents) seconds rôles (Frances McDormand, Sean Bean, Sissy Spacek…). Trame et sous-trames narratives s’enchevêtrent de façon à enrichir le récit.

En tablant sur une construction narrative fragmentée, laquelle alterne notamment entre l’exposition des faits et leur analyse en cour, le film se ménage par ailleurs quelques rebondissements. Il a aussi le mérite de déballer sa conclusion avec passablement de finesse. D’autres y seraient allés au pic et à la pelle.

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