Pour un seul de mes deux yeux : Du mythe à la réalité
Cinéma

Pour un seul de mes deux yeux : Du mythe à la réalité

Dans Pour un seul de mes deux yeux, le cinéaste israélien Avi Mograbi tente d’établir un dialogue entre les Palestiniens assiégés et l’armée israélienne. Ardu.

À l’origine, Pour un seul de mes deux yeux devait être un pamphlet politique dénonçant Ariel Sharon. Or, l’entreprise s’est révélée un documentaire très personnel dans lequel Avi Mograbi revisite les mythes du héros Samson, qu’il surnomme le premier kamikaze de l’histoire, et du soulèvement contre les Romains à Massada par les Zélotes, que l’historien Flavius Josèphe a décrit en termes peu élogieux dans La Guerre des Juifs. Ces figures mythiques, que l’on cite en exemple aux jeunes Israéliens parce qu’elles ont préféré se donner la mort plutôt que de se livrer à l’ennemi, Mograbi se plaît à les opposer aux auteurs d’attentats suicides que les Juifs d’Israël considèrent comme des criminels de guerre.

Ponctué de conversations téléphoniques entre le cinéaste israélien et un ami palestinien, dont les confessions traduisent la détresse d’un peuple, Pour un seul… illustre avec éloquence l’humiliation quotidienne que subissent les Palestiniens face à l’armée israélienne qui les empêche de circuler librement dans le pays. Par ailleurs, Mograbi critique avec autant de force l’éducation douteuse – le réalisateur la compare à un lavage de cerveau – des enseignants et des guides touristiques qui prêchent que la mort est préférable à la soumission. Un bémol, toutefois. Malgré la sincérité de l’entreprise, il semble que le cinéaste ait été dépassé par son sujet tant certaines scènes s’étirent inutilement, pour ne pas dire de façon complaisante. Une réalisation qui aurait mérité d’être moins relâchée afin de ne pas faire fuir le spectateur.

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