The Last Trapper : Un hymne au Grand Nord
Cinéma

The Last Trapper : Un hymne au Grand Nord

The Last Trapper, de Nicolas Vanier, est un hommage lyrique et vibrant au Grand Nord et aux hommes qui vivent encore des ressources que donne généreusement cette nature sublime. Entretien avec le réalisateur.

Le rêve de The Last Trapper se réalise enfin pour Nicolas Vanier, aventurier, auteur et cinéaste français. Depuis 20 ans, il parcourt les régions nordiques, du Yukon à la Sibérie en passant par le Québec. Mais après toutes ces aventures, ces livres et ces documentaires, le réalisateur a eu envie de se libérer d’une certaine frustration… par la fiction.

"J’ai fait beaucoup d’aventures et de voyages que j’ai filmés, explique le cinéaste joint au téléphone, mais j’avais peu de moyens pour mes documentaires, ce qui m’empêchait parfois de capter certaines images, de traduire certaines impressions. Et quand je visionnais mes films, je trouvais que, paradoxalement, ils étaient assez éloignés de la réalité. Mais j’avais très envie de rendre compte de certaines réalités du Nord: le froid, la lumière… Et pour ça, il me fallait les moyens de la fiction".

Or, cette première fiction de Vanier n’est ni Survivor ni Tintin au Canada, quoique certains passages contiennent une bonne dose d’exotisme et de folklore (des huskies tirant un traîneau conduit par une autochtone, sur fond de Yukon et de Leonard Cohen, le tout au ralenti…).

Avec l’aide d’un des derniers trappeurs canadiens, Norman Winther, Nicolas Vanier a plutôt tenté de reproduire le plus fidèlement possible, sans effets ni artifices, la vie de ces hommes qui, l’hiver, s’enfoncent dans la nature pour suivre la piste des animaux. Aussi, dans ce même esprit, les participants du film ne sont pas des acteurs. Ils jouent, certes, mais c’est en quelque sorte leur propre rôle.

"Dans ce film il n’y a pas une seule seconde qui ne soit pas issue de la réalité, assure Vanier. La scène du face-à-face avec le grizzli est représentative de cet esprit. Nous avons évidemment reconstitué cette scène, mais la plupart du temps, c’est comme ça que ça se passe. Et puisque pour cette scène l’animal était dressé, il aurait été très facile de faire dans le spectaculaire. On a plutôt choisi de proposer quelque chose de très sobre, beaucoup plus représentatif de la réalité".

Or, cette volonté de réel, certes courageuse et valable, renferme cependant sa part de pièges que Vanier n’a pas toujours su éviter. D’une part, cette envie de fiction dans un esprit qui se veut documentaire fait naître des situations qui semblent parfois forcées, parce que sans véritables conséquences. De plus, il manque au scénario, rédigé au jour le jour, le rythme, la profondeur et le souffle nécessaires à l’élévation du récit qui demeure ici convenu et quelque peu superficiel.

Le film offre cependant de beaux moments, surtout lorsqu’il souligne l’importance de l’intervention de l’homme dans l’équilibre dont notre planète a terriblement besoin. Comme le dit Alex, le vieil ami de Norman: "Qui va s’occuper de tout ce territoire lorsque nous ne serons plus là?".

Au-delà des paysages magnifiques, le film est aussi habile à montrer les gestes de vie et de survie de ces aventuriers de l’absolu, philosophes et poètes sans le savoir dans ce décor du bout du monde qui rappelle à chaque instant la fragilité du monde.

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