Junebug : Quelle famille…
Cinéma

Junebug : Quelle famille…

Junebug, de Phil Morrison, s’intéresse à la dynamique interne d’un clan "dysfonctionnel ordinaire". Portrait minutieux et contemplatif qui, c’est dommage, ne parvient pas à émouvoir.

Au curieux qui voudrait savoir à quelle enseigne loge Junebug, on pourrait suggérer la réponse suivante: quelque part entre Meet the Parents et Palindromes, deux films ayant exploité, avec un bonheur inégal, le concept du dysfonctionnement familial. Le premier, par le biais de la comédie burlesque, le second, par le truchement du drame cynique.

Remarquez que le sujet, intarissable, a inspiré bien d’autres œuvres que celles-là. Partant, notre rapprochement n’est peut-être pas le plus adéquat. Il renseigne toutefois sur la nature du premier long métrage du jeune réalisateur Phil Morrison, qui parvient à faire rire en même temps qu’il trouve, ponctuellement, à désarçonner le spectateur.

Travaillant à partir d’un matériau presque banal – au dire du cinéaste et de son scénariste -, Junebug travaille le détail et la nuance pour accéder à la substance cachée, pour mettre à jour l’envers du cliché. C’est plutôt réussi.

Appelée en Caroline du Nord par affaires, la marchande d’art brut Madeleine (Embeth Davitz) persuade son mari, George (Alessandro Nivola), de l’emmener voir la belle-famille.

Le premier contact est assez froid. Papa Eugene (Scott Wilson), bonhomme taciturne, ne fait pas de chichis, mais sa femme, Peg (Celia Weston), se montre d’un commerce assez rude, tout comme Johnny (Benjamin McKenzie), fils colérique et complexé. Reste la fiancée de ce dernier, la pétillante Ashley (Amy Adams), pour accueillir la nouvelle venue avec chaleur.

Difficile de trouver quelque tare majeure à ce Junebug. Pourtant… il s’agit d’un de ces films qu’on aurait voulu aimer davantage, mais qui nous laisse plutôt froid et, pour tout dire, à court d’arguments offensifs ou défensifs.

En fait, le scénario d’Angus McLachlan révèle passablement de finesse dans sa façon d’aborder les rapports interpersonnels. On découvre, à travers les yeux de Madeleine, la nature profonde des personnages et on finit par saisir les causes des contentieux qu’ils entretiennent. La caméra pénétrante de Morrison révèle subtilement quelques traits propres à la culture sudiste, qui enrichissent le tableau d’ensemble.

Et alors, qu’est-ce qui cloche? Les personnages, tout bien pesé. Quoique bien campés, ils ne suscitent guère l’attachement et, au final, on acquiesce avec George lorsqu’il dit: "Pas fâché de partir d’ici"…

Voir calendrier Cinéma