Image + Nation : Sexy Seventies
Cinéma

Image + Nation : Sexy Seventies

À Image + Nation, qui se termine le 13 novembre, c’est l’occasion de découvrir une grande décennie marquée par la culture gaie.

Les années 70 ont-elles été pour les gais la période de l’histoire la plus débridée sur le plan sexuel depuis l’Antiquité romaine? C’est la thèse que défend le fascinant documentaire Gay Sex in the ’70s de Joseph Lovett, présenté à Image + Nation. Longtemps confinés dans une clandestinité honteuse, les gais américains ont rué dans les brancards en 1969 lors des célèbres émeutes de Stonewall où des militants homosexuels s’élevèrent contre l’oppression policière à New York.

À partir de cette date et jusqu’à l’explosion du sida au début des années 80, les gais ont vécu une sorte d’âge d’or libérateur, un état de grâce sexuel placé sous le signe d’une débauche assumée et célébrée. C’est du moins ce qu’évoque, avec tout de même quelques nuances, la fascinante chronique de Lovett, truffée d’images d’archives et de témoignages pour le moins éloquents.

Dans la première partie, le documentaire raconte la période pré-Stonewall, une époque où les gais new-yorkais s’éclataient dans les recoins sombres du Meat District, en particulier dans les hangars désaffectés de l’Hudson River. Certains participants décrivent avec de surprenants détails les orgies nocturnes qui s’y déroulaient; la recherche d’aventures sexuelles allait alors de pair avec un goût du danger.

Après Stonewall, les gais sont sortis de l’ombre et pas à moitié. Sous les stroboscopes du légendaire Studio 54, sous le soleil de Fire Island Beach ou les guirlandes du "Gay Pride", les queers ont décidé de s’assumer au grand jour et de revendiquer leur droit à la différence la plus ostentatoire. Le film raconte cette période d’émancipation avec un mélange de nostalgie et de profonde affection. À travers l’évocation d’un style de vie hédoniste branché sur la transcendance des plaisirs du corps, Gay Sex in the ’70s brosse surtout le portrait d’une communauté tricotée serré qui s’est découvert un sentiment d’appartenance.

L’édition 2005 d’Image + Nation se termine par la projection du film espagnol Unconscious de Joaquín Oristrell. Il s’agit d’une sorte de vaudeville débridé et somptueusement filmé ayant pour cadre le Barcelone du début du 20e siècle. Extrêmement filandreuse et controuvée, l’intrigue raconte l’enquête menée par une jeune femme enceinte jusqu’au cou pour retrouver son mari, un psychiatre féru de théories freudiennes, disparu dans des circonstances nébuleuses. C’est à travers les dossiers confidentiels de ses patientes que son épouse va chercher à retrouver sa trace au fil d’une intrigue nourrie de nombreux coups de théâtre.

Dans le rôle de cette détective improvisée, l’actrice Leonor Watling (Parle avec elle) est tout simplement irrésistible. Son jeu plein d’humour, de pep et de candeur permet au film de surmonter le handicap d’un scénario un peu trop bavard et théâtral. L’exquise direction artistique fait le reste pour assurer au spectateur un moment agréable.

En terminant, signalons aussi la projection cette semaine du film satirique The D Word, parodie fauchée mais désopilante de la série télévisée The L Word, racontant les tribulations d’un groupe de lesbiennes à New York. Le trait comique est très gros, mais le résultat s’avère tout à fait distrayant.

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