Pure : Afterhours
Avec Pure, son premier long métrage, Jim Donovan nous invite à découvrir la faune des bars de Montréal.
Tout le monde aime sortir et faire la fête de temps à autre, mais y a-t-il un intérêt à regarder passivement d’autres le faire? De toute façon, est-il vraiment possible de capter l’ambiance des bars montréalais sur film et d’en faire ressentir le frisson dans une salle de cinéma? Plusieurs cinéastes s’y sont essayés et ont échoué ces dernières années, mais Jim Donovan réussit avec une aisance étonnante à dépasser nos attentes avec Pure.
Après avoir passé l’été en banlieue, Misha (Laura Jordan) retourne à Montréal et n’a que quelques jours pour s’inscrire à l’université et dénicher un appartement, mais les distractions sont nombreuses en ville. Il y a les copines (notamment Karen Simpson et Abeille Gélinas) qui la traînent dans les clubs et lui font prendre de drôles de pilules, l’ancien petit ami (Tim Rozon) envers lequel elle éprouve toujours du désir, et puis Josh (Gianpaolo Venuta), fils à maman de Laval qui la suit dans ses aventures au bout de la nuit.
Pure regorge de gens sexy et de musique électro entraînante (on reconnaît entre autres Misstress Barbara et Chromeo); tout cela pourrait éventuellement lasser si son récit était sans intérêt. Heureusement, le scénariste Eugene Garcia a pris le temps d’entrer dans la tête de ses personnages, allant même jusqu’à leur prêter des élans vaguement poétiques. Il est particulièrement intrigant d’écouter Misha rêver de pureté naturelle et de photosynthèse alors qu’elle sombre constamment dans la débauche, sa poursuite des plaisirs éphémères se heurtant à la mélancolie des lendemains de veille.
Le triangle amoureux dans lequel se retrouve Misha, qui devra choisir entre l’enfoiré à belle gueule et le gars étrange mais sensible, est on ne peut plus conventionnel et prévisible. Toutefois, on se laisse emporter par cette romance qui prend des airs magiques, l’esthétique de vidéo-clip – le cinéaste en a réalisé plus d’une vingtaine – du début du film cédant progressivement la place à un style de plus en plus fantaisiste qui n’est pas sans rappeler l’univers de Baz Luhrmann. Sans être très profond, Pure relève le pari plutôt risqué de donner une dimension dramatique, voire mythique, au clubbing en série. Chez le réalisateur diplômé de Concordia, danser avec sa tribu toutes les nuits pour ensuite regarder le soleil se lever devient en quelque sorte un rite de passage.
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