The Dark Hours : Thérapie de groupe
Cinéma

The Dark Hours : Thérapie de groupe

The Dark Hours, de Paul Fox, met en scène un éprouvant tête-à-tête entre une psychiatre et son ancien patient. Entrevue avec le réalisateur, le scénariste Wil Zmak et les acteurs Kate Greenhouse et Aidan Devine lors de leur passage à Fantasia.

Nostalgiques des films d’horreur des années 60 et 70, Paul Fox et Wil Zmak trouvent que ceux d’aujourd’hui ne contiennent plus de critique sociale et ne sont que des produits pré-mâchés pour adolescents, comme si les adultes avaient été négligés par les réalisateurs de films de genre qui préfèrent la parodie à l’épouvante. Afin de pallier ce problème, les deux trentenaires, qui ont fait leurs armes à la télé, ont décidé de concocter un film d’épouvante dans la mouvance des œuvres ayant bercé leur adolescence.

Psychiatre travaillant auprès des criminels sexuels, Samantha Goodman (Kate Greenhouse, glaciale comme une héroïne hitchcockienne) est atteinte d’une tumeur incurable au cerveau. Partie rejoindre au chalet son mari et sa jeune sœur, qui semblent entretenir des relations plus qu’amicales, Samantha reçoit la visite d’un jeune homme perturbé (Dov Tiefenbach, convaincant) suivi de son camarade Harlan (Aidan Devine, étrangement sympathique), un ancien patient qui entraînera le trio dans une suite de jeux cruels.

"L’idée du film m’est venue d’un documentaire que j’ai vu sur l’institut psychiatrique de Belleville, où il était question d’un prédateur sexuel ayant plaidé l’aliénation mentale, raconte le scénariste. Cependant, je n’ai pas fait trop de recherches sur les maladies mentales, mais davantage sur les médicaments utilisés en psychiatrie ou pour les tumeurs au cerveau. En fait, nous ne voulions pas trop approfondir nos recherches parce que comme il s’agit d’un film de genre, les gens s’attendent à ce qu’il y ait des éléments de fantaisie."

Le réalisateur poursuit: "En discutant de ce qui nous faisait peur, nous nous sommes rendu compte que, bien plus que les histoires de fantômes ou de vampires, ce sont les gens qui nous font vraiment peur. Nos personnages sont dans des zones grises; les méchants ont leurs bons côtés, alors que les bons cachent de terribles secrets. L’idée, c’était d’être moins simpliste que dans certains films d’horreur afin que le spectateur soit stimulé intellectuellement et continue à s’interroger après la projection. Nous avons choisi alors une approche réaliste, sans trop forcer sur la trame sonore, mais plutôt en laissant les silences faire leur effet puisque nous ne voulions pas dicter au spectateur quand avoir peur."

Portant littéralement le film sur ses épaules, l’actrice Kate Greenhouse, qui a remporté à juste titre le prix de la meilleure actrice à Fantasia, explique comment elle a abordé son personnage, qui n’a rien de la victime innocente: "Lorsque je lis un scénario, je ne juge ni le genre du film ni le personnage. Pour moi, il faut aimer son personnage, qu’il soit une victime ou un psychopathe; il faut le voir comme un être humain qui vit différents états d’esprit ou qui est confronté à des situations extrêmes. Il faut vraiment chercher à comprendre pourquoi le personnage agit de telle ou telle façon, sinon on n’arrive pas à comprendre ce que l’on joue. Je crois qu’il est essentiel d’aimer son personnage, sinon le film s’en ressent."

L’épaulant solidement dans le rôle du méchant tour à tour victime et bourreau, Aidan Devine abonde dans le même sens: "La première fois que j’ai lu le scénario, j’ai trouvé Harlan absolument hideux. Certains de mes amis qui ont lu le scénario m’ont dit qu’ils le trouvaient extraordinaire; je l’ai alors relu et je me suis dit: "C’est vrai qu’il n’est pas si noir, il a certaines zones grises." J’ai donc cherché à le comprendre et à lui trouver des points communs avec moi. En fait, jouer un psychopathe, ce n’est pas jouer de façon psychotique, mais de façon normale dans des circonstances inappropriées. Si tu ne crois pas toi-même à ce que tu fais, comment faire en sorte que le public croie à la véracité du personnage?"

Tourné avec un budget de toute évidence modeste, The Dark Hours s’avère un efficace thriller teinté d’humour noir, notamment grâce au personnage de Harlan, qui comporte des scènes de violence à faire frissonner les âmes sensibles et des moments de cruauté perverse à souhait. En somme, une histoire d’adultère classique racontée à la manière d’un bon vieux slasher – certains auraient sans doute souhaité encore plus d’hémoglobine -, le tout pimenté de quelques délires pharmaceutiques.


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