Resfest : Images de marque
Cinéma

Resfest : Images de marque

Le Resfest sillonne la planète depuis près de 10 ans et effectue cette année sa toute première escale montréalaise avec une programmation qui a de quoi rassasier les curieux en mal d’originalité et d’audace. Entrevue avec Michel Gondry, qui viendra présenter ses œuvres.

En sa qualité de festival itinérant, le Resfest trimballe chaque année ses images percutantes dans les villes des États-Unis, de l’Australie, du Japon, de l’Angleterre ou du Brésil. Cette première édition montréalaise d’une durée de trois jours se verra divisée en plusieurs volets, mettant tour à tour l’accent sur l’art du vidéoclip, de la pub, du court métrage ou du documentaire. Le dénominateur commun des œuvres présentées? Des concepts innovateurs, l’utilisation des nouvelles technologies numériques, mais surtout un foisonnement d’idées sans pareil. Un événement où les créateurs de la relève ont tout autant leur place que des artistes établis de la trempe du réputé réalisateur de clips Stéphane Sednaoui ou du touche-à-tout à l’imaginaire débridé Michel Gondry.

Entre autres exclusivités projetées, deux documentaires s’attardant d’une part à l’univers du foot avec Ginga: The Soul of Brasilian Football produit par le réalisateur de Cidade de Deus et The Constant Gardener, Fernando Meirelles. D’autre part, Just for Kicks trace le portrait de la chaussure sport, devenue un puissant symbole de la culture populaire dans les années 70 et qui plus tard devint une icône de la culture hip-hop.

DANS LA TÊTE DE MICHEL GONDRY

Michel Gondry, à qui l’on doit l’éclaté Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004) et Human Nature (2001) et qui, depuis une dizaine d’années, est l’un des réalisateurs les plus en vue du milieu de la musique, prendra part à l’événement. C’est dans la soirée du vendredi 25 novembre qu’il se pointera pour présenter une sélection de ses plus récentes créations, soit des clips et des publicités ainsi que quelques extraits de ses œuvres plus consistantes.

Il apparaît tout naturel que sa présence s’inscrive dans une telle programmation où prime le souci d’originalité et où l’imaginaire est hautement mis à profit. On aura pu le remarquer dans les vidéos des White Stripes, de Beck, de Björk, de Daft Punk ou des Chemical Brothers, son univers est des plus singuliers et surréalistes, possédant une certaine candeur s’approchant des divagations propres au monde de l’enfance.

Dans son documentaire I’ve Been 12 Forever figurant sur le DVD rétrospective de son œuvre, The Work of Michel Gondry, il s’interroge justement sur le processus de création, sujet qui le fascine, voire l’obsède depuis longtemps: "Cela a toujours été très important pour moi de savoir et de comprendre de quelle façon les idées émergeaient, pourquoi elles étaient originales, pourquoi quelque chose est moderne ou ne l’est pas et pourquoi quelque chose devient daté au bout d’un moment. C’est l’une de mes préoccupations les plus importantes", explique le réalisateur français.

Le créateur allumé et hyperactif qui a pris l’habitude de toujours mener plusieurs projets de front (c’est d’ailleurs tout en faisant du vélo qu’il nous accorde l’entrevue téléphonique!) semble y avoir pigé quelque chose: "Je crois que j’ai réellement compris comment mon cerveau fonctionnait au moment où j’ai fait le DVD compilation, parce qu’on me posait sans cesse la question: "Comment avez-vous eu telle ou telle idée?" Et en général, j’ai réussi à me souvenir du moment précis où les idées m’étaient venues, pour me rendre compte que la part de hasard et de malentendu est très importante dans mon œuvre. Les idées proviennent en fait souvent d’une information que j’interprète mal à la base; par exemple, quand je ne comprends pas trop ce que je vois, alors j’imagine ce que ça pourrait être. Mon cerveau crée une nouvelle réalité parce qu’il a interprété d’une manière personnelle ce qu’il ne comprenait pas."

Ces jours-ci, il s’affaire à mettre la touche finale à deux œuvres: Block Party, une sorte de documentaire-concert tourné dans les rues de New York avec des artistes de la scène hip-hop tels que Dave Chappelle, Kanye West, The Roots, Jill Scott, etc. Puis à son troisième long métrage, Science of Sleep, tourné l’hiver dernier à Paris et mettant en scène Gael Garcia Bernal et Charlotte Gainsbourg. C’est au cours de 2006 que ces films seront proposés au public.

N’a-t-il pas parfois l’impression que tout va trop vite et qu’à travers tous ces projets, l’inspiration pourrait s’essouffler? "Il y a un peu de cette crainte, concède-t-il, mais lorsque j’ai le sentiment qu’un jour tout va s’arrêter ou que je vais tomber en panne sèche, je panique un peu et en général les idées reviennent aussitôt."

Resfest
Les 25, 26 et 27 novembre
À Ex-Centris
www.resfest.ca / www.resfest.com