La Moisson de glace : Crimes et délits
La Moisson de glace, de Harold Ramis, détourne le fonds de commerce des frères Coen sans la moindre vergogne. Mais, comme le veut le dicton, bien mal acquis ne profite jamais.
Il y a un parallèle à établir entre l’entreprise criminelle servant de cheville narrative à La Moisson de glace et l’"emprunt" effectué par le réalisateur du long métrage, Harold Ramis (Analyze This). Dans un cas comme dans l’autre, les auteurs du larcin procèdent en croyant avoir assuré leurs arrières, convaincus que le moindre détail a été pris en compte. Mais, c’est connu, il n’est pas de crime qui soit parfait.
Petit avocat à la solde d’intérêts mafieux, Charlie Arglist (John Cusack, égal à lui-même) vient de soutirer une forte somme à un certain Bill Guerrard (Randy Quaid, correct), homme d’affaires véreux et brutal. Avec son associé, Vic Cavanaugh (Billy Bob Thornton, sous-utilisé), Charlie compte quitter la morne Wichita pour aller se la couler douce dans une contrée ensoleillée. Avec un peu de chance, il partirait avec la pulpeuse Renata (Connie Nielsen, à l’aise), effeuilleuse au charme indiscutable.
Mais il y a un mais. En cette veille de Noël, le temps tourne à la pluie, et bientôt au verglas. Les deux malfrats ont convenu d’attendre le matin pour mettre les bouts. Or, la nuit sera longue et riche en événements. Limpides sur papier, les calculs des deux compères deviendront vite confus au contact de la réalité.
Après une première collaboration décevante, dans Pushing Tin, Cusack et Thornton avaient l’occasion de faire amende honorable. Or, la chimie espérée, diluée dans une flotte ininterrompue, n’arrive pas à opérer. Les protagonistes jouent la normale alors qu’il leur aurait fallu élever leur jeu d’un cran ou deux.
Plans foireux et cafouillages ayant déjà nourri l’excellent Fargo des frangins Coen et l’inégal A Simple Plan de Sam Raimi, on se dit que Harold Ramis a fait preuve de témérité, voire d’insouciance, en se lançant dans cette aventure. Bien qu’agrémenté de quelques traits d’humour grinçant, son film supporte mal les comparaisons. Et ce n’est pas un scénario contenant plus de rebondissements qu’un match de basket qui sauvera la mise.
Restent quelques plans "inoubliables" immortalisant le bled où se déroule l’action. Wichita, son temps de cul, ses bars de danseuses… C’est qu’on y célébrerait presque le réveillon.
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