Rent : Crise du logement
Cinéma

Rent : Crise du logement

Dans Rent, de Chris Columbus, des jeunes new-yorkais rêvent d’amour et de gloire au temps du SIDA. Dur, dur, être  bohème.

Libre adaptation de La Bohème de Puccini, Rent, de Jonathan Larson, décédé en 1996 peu avant la première de ce qui allait devenir le show culte récipiendaire du Pulitzer, raconte les difficultés d’artistes crève-la-faim du Lower East Side, dont le vidéaste Mark (Anthony Rapp) et son coloc Roger (Adam Pascal), qui souhaite composer un tube avant de mourir du SIDA. Autour d’eux évoluent Mimi (Rosario Dawson), danseuse exotique héroïnomane et séropositive qui s’éprendra de Roger, le couple Tom (Jesse L. Martin, formidable) et Angel (Wilson Jermaine Heredia, le seul à réellement secouer la baraque), eux aussi séropositifs et respectivement prof de philo et travesti. Ne pouvant payer le loyer, la bande se voit menacée d’éviction par Benny (Taye Diggs), leur ancien camarade devenu l’époux de la fille d’un richard qui souhaite raser le bloc afin d’y construire Cyberland. Entrent alors en scène l’ex de Mark, l’électrisante performer Maureen (Idina Menzel) et son avocate de nouvelle blonde, Joanne (Tracie Thoms), qui tenteront de contrer la situation.

Entre les mains d’un réalisateur allumé tel Baz Lurhmann (Moulin Rouge!), l’adaptation au grand écran de Rent aurait sans doute donné un musical explosif et survolté. Malheureusement, c’est au tâcheron Chris Columbus (rappelez-vous les deux premiers Harry Potter…) qu’on a confié la tâche d’immortaliser Rent. En résulte un film convenu mais soigné dont les grandes qualités consistent à avoir su bien utiliser l’espace urbain – par moments, on se croirait dans le New York pré-Giuliani – et à avoir engagé le cast original (à l’exception des recrues Dawson, dangereusement en forme pour le rôle, et Thoms, qui possède une voix superbe). Dommage que Columbus n’ait pas revu des classiques comme le Cabaret de Fosse, afin d’insuffler à l’ensemble un soupçon de délicieuse décadence – on y parle de la fin d’une époque joyeuse marquée par un terrible fléau, quand même! Côté chorégraphie, hormis le numéro d’Angel et le Tango Maureen, pas grand-chose à signaler… quoique La Vie Bohème n’est pas sans rappeler le I Got Life du Hair de Milos Forman. Enfin, malgré ses mélodies mémorables (Seasons of Love, Today 4U, One Song Glory), la trame sonore risque de sombrer dans l’oubli tant les arrangements trop sages lui donnent l’air d’avoir été formatée pour la radio des matantes.

Voir calendrier Cinéma