Yours, Mine and Ours : 18, ça suffit!
Dans Yours, Mine and Ours, de Raja Gosnell, Dennis Quaid et Rene Russo campent les parents d’une famille reconstituée de 18 enfants. Au secours!
En 1961, Frank Beardsley, veuf et père de 10 enfants, et Helen North, veuve et mère 8 fois, se marient et emménagent ensemble avec toute leur progéniture. Malgré les responsabilités qu’impliquent 18 enfants, la maman à répétition trouve le temps d’écrire Who Gets the Drumstick?, un livre sur son expérience qui inspira le premier Yours, Mine and Ours (1968), mettant en vedette Lucille Ball et Henry Fonda, et cette improbable relecture contemporaine. Une aussi grosse famille faisait déjà sourciller dans les années 60, mais aujourd’hui, cela tient pratiquement de la science-fiction. Qui a plus d’une douzaine de mômes en 2005?
Même si on oublie les questions de plausibilité et qu’on accepte cette prémisse comme point de départ d’un divertissement vaguement fantaisiste, on peut difficilement justifier cette démesure. Peu de films arrivent à développer proprement plus de trois ou quatre personnages, alors lorsque l’attention est divisée entre vingt, on ne peut que s’attendre à des caricatures stéréotypées. De plus, les enfants acteurs de talent étant rares, la majorité des 18 en vedette ici sont insupportables.
On se demande vraiment ce que Dennis Quaid et Rene Russo viennent faire dans ce navet format familial. Il n’y a pas si longtemps, Russo incarnait des femmes avec du chien qui séduisaient Mel Gibson ou Pierce Brosnan, et Quaid, vedette mineure des années 80, semblait en pleine résurgence ces dernières années, dénichant de bons rôles dans Far From Heaven, In Good Company et plusieurs autres. Il est plutôt désolant de les voir jouer les faire-valoir pour une bande de gamins turbulents et un cochon domestique, avec lequel Quaid partage un baiser mouillé dans un des innombrables moments d’humour "sophistiqué" que procure le film.
Sérieusement, il y a quelques pistes intéressantes dans Yours, Mine and Ours. Le personnage de Quaid est un officier qui impose une discipline militaire à ses enfants et la mère jouée par Russo est une artiste qui encourage la libre expression, alors on aurait pu avoir droit à une exploration comique des différents styles de parentage. Malheureusement, Raja Gosnell (l’émérite réalisateur de "chefs-d’œuvre" tels que Home Alone 3, Big Momma’s House et Scooby-Doo) préfère enfiler les coups sur la tronche, les chutes et les éclaboussures. Se pourrait-il que le film soit secrètement un éloge de la contraception?
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