Quand les poissons tombent amoureux : Je reviens chez nous
Cinéma

Quand les poissons tombent amoureux : Je reviens chez nous

Quand les poissons tombent amoureux, d’Ali Rafiee, met en scène un homme qui retrouve la femme qu’il a toujours aimée.

Homme de théâtre chevronné, l’Iranien Ali Rafiee signe avec Quand les poissons tombent amoureux une romance tout en pudeur et non-dits dont la sensualité ne s’exprimera que dans les petits plats bien mitonnés qui nous passeront sous le nez. C’est à se demander si Rafiee n’a pas voulu illustrer la maxime voulant que pour gagner le cœur d’un homme, il faut passer par son estomac.

De retour dans son village après 22 ans d’absence, Aziz (Reza Kianian) a l’intention de vendre la demeure de son père, laquelle est maintenant habitée par son ex-femme Atiyeh (Roya Nonahali). Afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa fille issue d’un second mariage ayant tourné au vinaigre, cette dernière a ouvert, avec l’aide de ses amies, un resto qui est devenu un incontournable de la place. Lorsque Aziz s’installe dans la chambre à l’étage, à la demande d’Atiyeh, celle-ci craint bien que ses jours dans la maison sont comptés.

Avec son ballet de cuisinières autour des fourneaux et ses parades de plats plus alléchants les uns que les autres, Quand les poissons… évoque par moments Le Festin de Babette de Gabriel Axel ou Chocolat de Lasse Hallström, deux films ayant pour héroïne une femme qui s’émancipe en partageant son génie culinaire. Malheureusement pour nous, c’est surtout sur Aziz que Rafiee porte son attention. Or, ce personnage, dont la nature peu loquace entraînera une suite de malentendus, se révèle bien vite assez inintéressant – le jeu inexpressif de l’acteur n’aidant sûrement pas sa cause.

Bénéficiant de la photographie de Mahmoud Kalari, qui met en valeur la beauté des actrices et de l’Iran du Nord, Quand les poissons… s’avère un film courageux qui célèbre la soif de liberté des femmes et leurs efforts pour prendre la place qui leur revient au sein d’une société où la libération sexuelle, telle que nous le montrait avec force Mitra Faharani dans son documentaire Tabous, se fait à pas de tortue. Dans un pays où la censure a le bras très long – rappelons-nous les problèmes d’Abbas Kiarostami ou de Kamal Tabrizi (Le Lézard) avec celle-ci -, c’est déjà beaucoup.


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