Three… Extremes : Trio infernal
Cinéma

Three… Extremes : Trio infernal

Three… Extremes, superbe film d’horreur à sketchs, réunit sous le même chapiteau trois surdoués du cinéma asiatique: Fruit Chan, Park Chan-wook et Takashi Miike.

Ce genre de long métrage anthologique est une vieille tradition du cinéma fantastique, y compris en Asie (pensons au légendaire Kwaidan). En général, ces films ne sont jamais d’une qualité soutenue; il y a toujours un sketch ou deux plus faibles que les autres. Heureusement, Three… Extremes échappe à cette règle, puisque ce trio de récits macabres et tordus ne contient aucun raté.

Les festivités s’ouvrent tout doucement avec l’insolite et fascinant Dumpings de Fruit Chan, un conte moderne feutré sur le thème de la recherche de la jeunesse éternelle. Il s’agit, en fait, d’une sorte de version contemporaine et asiatique de ces vieilles légendes folkloriques où des sorcières ou des femmes vampires se nourrissent de petits enfants pour rester jeunes et belles.

Le deuxième sketch, intitulé Cut, est signé Park Chan-wook, le réalisateur du fabuleux Oldboy. Fidèle à son thème de prédilection, c’est-à-dire la vengeance, il raconte comment un figurant de cinéma dégoûté par sa propre vie décide d’en faire baver à un réalisateur renommé qui représente à ses yeux tout ce qu’il ne réussira jamais à devenir lui-même: talentueux, admiré, séduisant, etc. Réalisé avec une virtuosité étourdissante (la première scène est l’une des choses les plus stupéfiantes que j’aie vues au cinéma depuis des années), Cut est l’œuvre d’un cinéaste franchement culotté qui réussit à combiner un traitement léché à la limite du clip et une approche pure et dure de l’horreur qui vise le noyau le plus sombre de l’âme humaine.

L’ultra-prolifique Takashi Miike (Audition), qui a signé une cinquantaine de films au cours des dix dernières années, est en charge du dernier sketch, intitulé Box, dans lequel on découvre le passé tragique d’une jeune danseuse hantée par d’horribles cauchemars. Reconnu pour son style extrémiste et ses incroyables épanchements sanguinolents, Miike nous surprend au détour en offrant ici une œuvre poétique et onirique d’un grand raffinement, encore une fois sur le thème de la vengeance et de la culpabilité.

À une époque où des bêtises insignifiantes et vulgaires comme Saw et sa suite passent pour le "boute du boute" en matière de cinéma d’horreur américain, Three… Extremes vient nous rappeler que dans ce genre cinématographique, l’Asie règne désormais suprêmement. Le reste n’est qu’enfantillage.

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