Top 10 international : Le best of de la planète
Cinéma

Top 10 international : Le best of de la planète

Pour concocter ce Top 10 international, l’équipe Cinéma s’est livrée à un long exercice démocratique. Sans plus tarder, nos coups de cœur de l’année.

1. A HISTORY OF VIOLENCE DE DAVID CRONENBERG

Adapté d’un roman iconique, A History of Violence paraîtra presque conventionnel à quiconque est abonné à l’œuvre du réalisateur de Crash. Cela dit, ponctué de trois épisodes de violence fulgurante, le dernier Cronenberg entretient le malaise et nourrit l’angoisse. Notamment par l’emploi d’une trame sonore qu’on associerait à un genre filmique plus placide, voire disneyen. Soulignons au passage l’exquise séquence d’ouverture, comme venue d’un western imaginé par Tarantino. Un film qui suscite une forme de fascination perverse. (M. Defoy)

2. CACHÉ DE MICHAEL HANEKE

Par le biais d’un thriller psychologique d’une froide élégance, le réalisateur de La Pianiste propose une métaphore cruelle sur le passé colonialiste de la France en traçant au scalpel le sentiment de culpabilité d’un critique littéraire (Daniel Auteuil, solide) traqué par un vidéaste voyeur, sans oublier de critiquer par la bande la manipulation de la vérité par les médias. Prix de la mise en scène à Cannes, cette œuvre mystérieuse et ambiguë du premier au dernier plan en troublera plus d’un. Brillantissime. (M. Dumais)

3. CORPSE BRIDE DE TIM BURTON

Pour évoquer la magie de ce merveilleux conte issu de l’imagination fertile de Tim Burton, nous sommes amenés à déployer une gamme très variée de mots ayant "ique" comme suffixe: poétique, gothique, romantique, comique, tragique, allégorique, onirique… Tourné image par image avec des figurines, ce film où un mariage de convenance se transforme en de joyeuses noces funèbres vient démontrer une fois de plus, si besoin est, que Burton n’a aucun égal dans l’art d’apprêter le macabre avec un sourire et un clin d’œil. (M. Girard)

4. MYSTERIOUS SKIN DE GREG ARAKI

Après avoir tourné une série de films marginaux plutôt destroy et mal foutus (Nowhere, The Doom Generation, The Living End), Greg Araki a pris tout le monde par surprise en livrant ce portrait sensible et poétique de deux jeunes hommes liés par un troublant secret d’enfance. Jamais le thème de la pédophilie n’avait été traité de façon aussi intelligente et audacieuse au cinéma. Évitant les jugements moraux simplistes, le film bouleverse, dérange et pousse à la réflexion. Une perle. (M. Girard)

5. OLDBOY DE PARK CHAN-WOOK

À première vue, ce film de Park Chan-wook peut sembler n’être qu’un exercice de style, à mi-chemin entre David Fincher et Takashi Miike, mais nous finissons par réaliser que cette petite histoire de vengeance a en fait la portée d’une grande tragédie. Avec une réalisation percutante et un scénario déroutant qui passe du film d’action à la comédie, l’horreur, la romance et le surréalisme, Oldboy est un tour de force cinématographique. (K. Laforest)

6. BROKEBACK MOUNTAIN D’ANG LEE

Dans le magnifique Brokeback Mountain du brillant Ang Lee, lauréat du Lion d’Or à Venise, Heath Ledger prouve hors de tout doute qu’il n’est pas qu’un beau gosse en campant avec une sensibilité désarmante un cow-boy introverti épris d’un gars de rodéo, interprété solidement par Jake Gyllenhaal. Une histoire d’amour aussi triste que belle, d’après l’excellente nouvelle d’Annie Proulx, que Lee raconte d’une remarquable et touchante façon. L’une des plus émouvantes romances à avoir vu le jour au grand écran. (M. Dumais)

7. LA MALA EDUCACION DE PEDRO ALMODOVAR

Sans atteindre le degré d’émotion d’Hable con ella, La Mala Educacion s’inscrit parmi les grandes œuvres du flamboyant cinéaste madrilène tant par la maturité et la pudeur avec lesquelles il aborde la pédophilie que par son audace formelle. Un film noir aux couleurs kitsch dont la forme gigogne nous entraîne irrésistiblement dans un univers sulfureux et déroutant. Et, qui plus est, nous offre le délicieux Gael Garcia Bernal, sulfureux à souhait dans un triple rôle. (M. Dumais)

8. A TALE OF TWO SISTERS DE KIM JEE-WOON

OEuvre du réalisateur sud-coréen Kim Jee-woon, ce film envoûtant, souvent terrifiant, parfois poétique, force le spectateur à demeurer constamment sur ses gardes. Non seulement parce que le film est très angoissant, mais aussi parce que l’intrigue semble constamment lui filer entre les doigts, comme une énigme qui s’amuse à changer ses propres données au fur et à mesure qu’on croit l’avoir élucidée. Le résultat? Un des plus beaux et intrigants films d’horreur des dernières années. (M. Girard)

9. BROKEN FLOWERS DE JIM JARMUSCH

À partir d’un canevas relativement simple, la quête d’un séducteur fatigué souffrant d’un sérieux coup de cafard pour un pan de passé insoupçonné, Jim Jarmusch tricote un récit attachant auquel il confère sa touche insolite habituelle. Placées à la périphérie du film, ses excentricités représentent autant d’électrons libres qui tournent autour du noyau dur incarné par Bill Murray, dont le talent drolatique s’exprime avec une relative économie de mots, à travers divers gestes, mimiques ou expressions le plus souvent nonchalamment esquissés. (M. Defoy)

10. ME AND YOU AND EVERYONE WE KNOW DE MIRANDA JULY

Une ou deux fois par année, nous découvrons un petit film merveilleusement original qui n’essaie pas de changer le monde, mais qui le pourrait, un spectateur réceptif à la fois. Écrit et réalisé par l’artiste multimédia Miranda July, qui y joue aussi une variation d’elle-même, Me and You and Everyone We Know déborde d’absurdités amusantes, de moments doux-amers et d’élans poétiques Un film choral beau et touchant comme on en voit trop rarement. (K. Laforest)