François Girard en trois actes : Portrait de l'artiste en metteur en scène
Cinéma

François Girard en trois actes : Portrait de l’artiste en metteur en scène

Avec François Girard en trois actes, Mathieu Roy nous offre sur un plateau d’argent les visions artistiques du réalisateur du Violon rouge. Entrevue avec le talentueux documentariste.

Entre octobre 2004 et janvier 2005, François Girard a mis en scène trois spectacles distincts dans trois villes, soit une pièce de théâtre à Montréal (Le Procès), un oratorio moderne à New York (Lost Objects) et un opéra à Toronto (Siegfried). Mathieu Roy l’a accompagné au cours de ce marathon créateur, captant les variations de la vision du réalisateur du Violon rouge: "C’est un film sur François Girard, explique le réalisateur au bout du fil, mais en même temps, ce qui m’intéressait, c’était de pénétrer dans l’univers de Kafka, de découvrir Lost Objects et l’opéra de Wagner. C’est ce que j’offre au public, trois voyages pour le prix d’un."

Plutôt que de se contenter de simplement enfiler les témoignages de Girard et de ses nombreux collaborateurs, Roy et son monteur ont effectué un travail hallucinant de composition visuelle et sonore. Le résultat est un film dont la forme s’avère aussi stimulante que le sujet. Particulièrement intéressante, cette façon dont, au fur et à mesure que Girard passe d’un projet à l’autre, la réalisation s’adapte en conséquence.

Roy confirme: "L’idée, c’était que le premier acte soit très kafkaïen, avec la trame sonore envahissante et des plans filmés avec des angles angoissants. L’acte deux à New York se devait d’être un peu plus moderne et éclectique, reflétant la diversité de l’œuvre. Et pour l’acte Siegfried, j’ai essayé d’exprimer comment François abordait l’idée de la lenteur. Dans un show de quatre heures et demie, les gens s’installent dans une nouvelle notion de la durée et peuvent passer plus de temps à suivre une action qui est plus lente."

François Girard en trois actes s’ouvre avec une déclaration du metteur en scène à l’effet que "choisir un film, décider de faire une pièce, c’est choisir sa vie". En choisissant de consacrer un documentaire à Girard, Roy choisit-il sa vie? Le cinéaste répond: "Quand j’ai terminé mes études de cinéma, j’ai vu 32 films brefs sur Glenn Gould et j’ai été tellement impressionné que j’ai écrit à François pour lui demander de travailler avec lui comme apprenti. Il a aimé ma lettre, on s’est rencontrés et j’ai travaillé quelques années avec lui. Donc, oui, un peu, c’est choisir ma vie, mais ça faisait déjà plusieurs années que je vivais professionnellement avec lui."

Roy a aussi eu la chance de côtoyer Martin Scorsese, dont il a été l’assistant sur le plateau de The Aviator. Ce dernier le lui a bien remis en acceptant d’intervenir dans son documentaire sur Girard: "Scorsese apporte un élément important, la musicalité. Pour lui, une pièce de musique ou un film, c’est la même chose, on construit un film comme on construit une partition."

Scorsese coproduira d’ailleurs le prochain film de Roy, une adaptation d’A Short History of Progress qu’il décrit comme "un croisement entre Baraka et The Corporation". Pour ce qui est de Girard, il s’apprête à commencer le tournage de Silk en Italie et au Japon. Pour l’instant, on peut apprécier les talents combinés des deux cinéastes dans l’extraordinaire documentaire qu’est François Girard en trois actes. À voir absolument.

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