La rentrée 2006 sur grand écran
Cinéma

La rentrée 2006 sur grand écran

Les cinéphiles auront intérêt à bien planifier leur agenda culturel dans les mois qui viennent, car le menu ciné de la rentrée hiver-printemps 2006 ne leur laissera aucun répit. En voici un avant-goût sélectif…

L’AMÉRIQUE DANS TOUS SES ÉTATS

Qu’on le veuille ou non, cette année encore, le cinéma américain accaparera la majorité de nos écrans avec ses productions grosses ou petites. Dans les prochains mois, on aura donc droit aux inévitables sequels: Underworld: Evolution, Basic Instinct 2, Final Destination 3, Ice Age 2 et, le plus attendu, X-Men 3, dans lequel la guerre entre les deux clans de mutants bat son plein. Sur le front des remakes, mentionnons le thriller When a Stranger Calls, le film catastrophe Poseidon, le film d’horreur The Hills Have Eyes et la comédie Pink PantherSteve Martin tentera de nous faire oublier Peter Sellers.

Heureusement, les films d’auteur existent aussi chez nos voisins du sud. La preuve? Dès le 20 janvier sort un nouveau Woody Allen précédé d’un vibrant buzz: Match Point, avec Scarlett Johansson, un drame de mœurs filmé à Londres. Et comme si ça ne suffisait pas pour nous faire saliver, le même jour sort le nouveau Terrence Malick, The New World, un drame historique avec Colin Farrell dans le rôle de l’explorateur anglais John Smith.

La semaine suivante, on se déride avec la nouvelle comédie très prometteuse d’Albert Brooks, Looking for Comedy in the Muslin World, qui se moque des tensions entre l’Amérique et le monde arabe. Dans un registre plus sérieux, Hollywood sort l’artillerie lourde le 10 février avec le thriller Firewall de Richard Loncraine, qui marque le retour de Harrison Ford.

A Scanner Darkly de Richard Linklater.

Également en février, les cinéphiles renoueront avec le réalisateur James Ivory, dont la dernière production, le drame de mœurs bourgeois The White Countess, met en vedette Ralph Fiennes, Natasha Richardson et Vanessa Redgrave. Dans un créneau nettement plus rock’n’roll, Jonathan Demme nous offre avec Prairie Wind un portrait tout en musique du légendaire Neil Young.

En mars, les amateurs de comic books feront la ligne pour aller voir V For Vendetta, un film ultra-stylisé produit par les frères Wachowski (The Matrix). Mais les vrais cinéphiles branchés ne voudront surtout pas rater le thriller paranoïaque A Scanner Darkly, une nouvelle folie expérimentale de Richard Linklater, dans la veine de son Waking Life, où chaque plan avec les acteurs (Keanu Reeves, Robert Downey Jr., Woody Harrelson, Winona Ryder) est retravaillé en animation rotoscopique par ordinateur. Sans parler de The Notorious Bettie Page de la cinéaste Mary Harron, une biographie de la célèbre pin up des années 50.

Quant aux cinéphiles militants, ils auront droit en mars à Why We Fight d’Eugene Jarecki, une analyse très critique de la politique étrangère de la Maison-Blanche. Terminons ce survol des films américains en mentionnant l’incontournable Da Vinci Code de Ron Howard, qui sortira le 19 mai.

LE QUÉBEC EN FAMILLE

En 2006, comme en 2005, le thème-clé dans le cinéma québécois est la famille. Dès janvier, la parenté au complet se réunit pour une Histoire de famille, la saga très feuilletonesque de Michel Poulette avec Danielle Proulx, Sébastien Huberdeau et Luc Proulx. Le 17 février, la tension monte grâce au tout nouveau thriller sociologique de Robert Morin, Que Dieu bénisse l’Amérique, dans lequel le cinéaste aborde de nombreux thèmes controversés sur fond d’enquête policière.

Le 17 mars, Louise Portal tient le rôle principal dans De ma fenêtre, sans maison de Maryanne Zéhil, qui raconte les retrouvailles douloureuses entre une jeune Libanaise et sa mère qui l’a abandonnée 17 ans auparavant. Le 14 avril sort l’adaptation du livre de Gil Courtemanche, Un dimanche à Kigali, par Robert Favreau, avec Luc Picard et Fatou N’Diaye.

Enfin, au printemps, le chanteur et cinéaste Dan Bigras nous offre son premier long métrage de fiction au titre magnifique, La Rage de l’ange, qui raconte l’histoire de trois jeunes ayant connu une enfance éprouvante. Autre joli titre, autre histoire douloureuse: Annie croyait aux esprits de Denis Chouinard, dans lequel Céline Bonnier incarne une ancienne détenue qui se bat pour recouvrer la garde de sa petite fille.

ET AILLEURS DANS LE MONDE…

L’Enfant des frères Dardenne.

Les amateurs de bon cinéma français seront vite comblés cette année, puisque janvier réserve deux grosses pointures: le fascinant et troublant Caché de Michael Haneke, avec Daniel Auteuil et Juliette Binoche (20 janvier), et Les Mots bleus d’Alain Corneau, avec Sylvie Testud et Sergi Lopez (27 janvier).

Et parlant de grosses pointures, pourquoi pas la dernière Palme d’or cannoise? L’Enfant des frères Dardenne prend l’affiche le 17 février. Mais il faut patienter jusqu’en mars pour découvrir le Manderlay de Lars von Trier, la suite très attendue de Dogville, dans lequel Bryce Dallas Howard remplace Nicole Kidman dans le rôle féminin principal. Également à surveiller en mars: La Petite Jérusalem de Karin Albou, le dernier Bertrand Tavernier, Holy Lola, et la comédie mexicaine Duck Season de Fernando Eimbcke, qui ramasse des prix partout où elle passe.

En avril, le cinéaste Pascal Thomas nous propose une adaptation d’Agatha Christie, Mon petit doigt m’a dit…, avec Catherine Frot et André Dussolier. Mais on trépigne surtout à l’idée de découvrir le nouveau Wim Wenders, Don’t Come Knockin’, et le nouveau Costa-Gavras, Le Couperet.

À surveiller en mai: le road-movie brésilien Cinema, Aspirin and Vultures de Marcelo Gomes, qui a remporté de nombreux prix dans divers festivals, et le drame musical U-Carmen E-Khayelitsha de Mark Donford-May, une adaptation contemporaine du Carmen de Bizet dans un contexte sud-africain. On a bien hâte aussi de jeter un coup d’œil sur le film noir Quo Vadis, Baby? de Gabriele Salvatores (Mediterraneo), avec la vedette rock italienne Angela Baraldi (Prix de la meilleure actrice au FFM). Enfin, signalons la sortie du Temps qui reste, le dernier François Ozon.

UN PETIT FESTIVAL AVEC ÇA?

Sport national des cinéphiles québécois, les festivals reprennent leur ronde annuelle dès le 16 février avec la 24e édition des Rendez-vous du cinéma québécois. Au début de mars, ce sera au tour de Festivalissimo, le festival culturel ibéro-latino-américain, de tenir les cinéphiles occupés.

Enfin, le Festival International du Film sur l’Art (FIFA), qui se déroule du 9 au 19 mars, s’ouvre cette année sur Sketches of Frank Gehry de Sydney Pollack. Cette 24e édition promet plus de 270 films en provenance d’une trentaine de pays. Ouf!