Karla : Tout ça pour ça
Cinéma

Karla : Tout ça pour ça

Karla, de Joel Bender, n’est qu’un mauvais téléfilm qui aura eu la "bonne fortune" de surfer sur une vilaine vague de  publicité.

Faire l’événement avec ça? Honte, scandale et ignominie! Notre première réaction, virulente, fera écho à la rumeur populaire, selon laquelle la "saga" de la criminelle Karla Homolka ne saurait, ni ne devrait, nourrir œuvre de fiction. Mais pourquoi ce réflexe viscéral? Parce que les faits, réanimés par l’actualité récente, nous sont trop frais en mémoire, qu’ils rouvrent des plaies encore vives, etc., etc.

Enfin, on pourrait peaufiner notre argumentation autant comme autant. Mais ce serait jouer le jeu des producteurs et des distributeurs, qui ont besoin de l’appui des médias pour faire mousser leur sale affaire. Or, plus on en discute, moins on y trouve de qualités: la couverture accordée à Karla est inversement proportionnelle à sa valeur cinématographique.

Nous voici en présence d’une espèce de téléfilm de troisième zone, réalisé sans originalité aucune par un tâcheron, produit avec des moyens modestes et interprété par des comédiens quelconques. Écartée, la tentation d’avoir à défendre un long métrage controversé sur la foi de ses qualités artistiques.

Après avoir demandé la liberté conditionnelle, Karla (Laura Prepon) se soumet à un examen psychiatrique mené par le docteur Arndt (Patrick Bauchau). La consultation sert de prétexte à ressasser les souvenirs de la détenue, de sa rencontre avec son futur mari et complice, Paul Bernardo (Misha Collins), jusqu’à ces crimes sexuels qui deviendront quasiment une occupation quotidienne.

Si les épisodes les plus glauques sont filmés sans exposer la chair ni faire gicler le sang, il reste que, dans le ton comme dans la facture, ils véhiculent quelque chose de cheap qui provoque des haut-le-cœur.

Apparemment basé sur des rapports psychologiques et sur la transcription du procès, Karla présente le portrait indulgent d’une femme qui aimait trop et dont les actions homicides n’auraient été menées que pour satisfaire aux caprices d’un mari psychopathe. Un peu court, comme verdict…

Au dire du producteur Michael D. Sellers, Karla voulait montrer comment une adolescente de bonne famille en vient à sombrer dans la folie meurtrière. Question pertinente, concédons-le, mais qui ne trouvera pas de réponse ici. On sortira plutôt de la salle avec l’impression de s’être fait rouler dans la fange. D’où l’envie d’aller prendre une bonne douche.

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