Fateless : Le passager
Cinéma

Fateless : Le passager

Fateless, de Lajos Koltai, raconte le destin d’un adolescent juif de Budapest dans les camps de concentration allemands. Bien fait, mais rien de nouveau.

Issu d’une famille aisée de Budapest, Gyuri Koves (Marcell Nagy, très convaincant) a toujours vécu avec insouciance le fait d’être juif. La dure réalité le rattrape bientôt lorsqu’il est déporté dans un camp de concentration où il perdra un à un ses jeunes camarades. Afin de survivre à l’horreur, il comptera sur l’aide de ses aînés et s’accrochera désespérément à la moindre parcelle de bonheur – un morceau de pain supplémentaire, un rayon de soleil – qu’il pourra trouver.

Basé sur un roman de 1975 d’Imre Kertesz, Prix Nobel 2002, Fateless possède certes bien des qualités – il représentera la Hongrie lors de la prochaine course aux Oscar -, toutefois, alors que défilent ses très belles images bleu-gris, comment ne pas se demander pourquoi on a voulu tourner un tel film? Non pas qu’il soit inutile de tourner un énième film sur l’Holocauste, mais quand celui-ci n’apporte rien de nouveau, tant sur le plan de la forme que du fond, la question est légitime.

Ainsi, devant l’académisme presque navrant de la réalisation (qui consiste en grande partie en des plans panoramiques et des fondus au noir), on regrette que Lajos Koltai, directeur photo fétiche d’Istvan Szabo, n’ait pas été touché par la grâce comme Polanski pour son sublime Pianiste. De plus, si Bend nous faisait découvrir le sort des gays durant la Seconde Guerre mondiale, ou encore, Der Neunte Tag de Volker Schlöndorff, le destin des prêtres catholiques envoyés dans des camps, Fateless ne nous apprend rien sur l’un des épisodes les plus macabres de l’Histoire, si ce n’est le point de vue hongrois. Et encore, il faudra se rabattre sur nos livres d’histoire pour en connaître davantage à ce sujet… On regrettera également que Koltai ait peu approfondi la question de l’identité juive abordée au tout début, pas plus qu’il n’ait su exploiter avec force la transformation mentale du jeune héros. Au bout du compte, un récit noble, mais sans suspense ni moment fort, qu’on a malheureusement l’impression d’avoir vu 1000 fois.


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