Histoire de famille : Crise familiale
Dans Histoire de famille, de Michel Poulette, les membres d’une famille traversent tant bien que mal l’une des époques les plus passionnantes de notre Histoire.
D’abord destinée à la télévision, la mini-série Histoire de famille se retrouve finalement dans les salles de cinéma en version écourtée (qui fait tout de même presque trois heures). Comme son titre le laisse supposer, le film de Michel Poulette (Louis 19, La Conciergerie) est une saga familiale, celle de Robert (Luc Proulx) et May Gagné (Danielle Proulx) et de leurs quatre enfants: Pierre (Louis-Philippe Dandenault), le fils modèle qui reprend la terre du père, Isabelle (Catherine Allard et ses beaux yeux bleus), la féministe qui fait l’amour librement, Michel (Sébastien Huberdeau), la tête brûlée qui fraye avec les felquistes, et Monique (jouée enfant par Juliette Gosselin et à 17 ans par Évelyne Rompré, qui fait un peu trop bien sa trentaine pour être convaincante en adolescente), l’artiste pleine de vie malgré son combat contre la leucémie. Nous suivons le clan Gagné dans ses joies et ses peines de 1960 à 1976, alors que le Québec traverse sa Révolution tranquille.
Avec sa maman aux traits de Danielle Proulx, son père vieux jeu et son fils rebelle qui s’aiment mais ne savent pas comment se le dire et sa reconstitution d’un passé pas si lointain, Histoire de famille semble parfois n’être qu’un sous-C.R.A.Z.Y. Le scénario de Guy Fournier et Normand Canac-Marquis manque de profondeur et de subtilité, et la réalisation de Michel Poulette n’a pas beaucoup de tonus, s’appuyant sur une narration gnangnan et des images d’archives plus ou moins bien incorporées. Par contre, les acteurs se tirent bien d’affaire (mention spéciale à la toujours amusante Catherine Trudeau, qui interprète la fringante épouse de Pierre), la trame sonore (Jean-Pierre Ferland, Claude Gauthier, etc.) est excellente et on se laisse emporter par les nombreux rebondissements, même lorsqu’ils sont risibles (exemple: lesbienne à l’attaque!).
S’il est touchant de voir comment la mère profite d’un monde en changement pour s’émanciper alors que le père sombre pathétiquement dans la boisson et l’amertume, on reste froid devant l’histoire d’amour entre Monique et le pianiste (Gabriel Sabourin) plus vieux qu’elle, surtout considérant qu’ils se sont épris l’un de l’autre alors qu’elle était enfant. Histoire de famille est donc une expérience assez inégale, mais les moments forts rachètent la plupart des écarts. Pas du grand cinéma, mais un assez bon téléroman.
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