Bruno Monsaingeon : En avant la musique!
Cinéma

Bruno Monsaingeon : En avant la musique!

Bruno Monsaingeon, réalisateur de documentaires musicaux, était récemment à Montréal pour lancer une importante rétrospective de son œuvre. Chapeau, mæstro!

La Cinémathèque québécoise présente depuis le 8 février une rétrospective des œuvres du réalisateur Bruno Monsaingeon, qui a fait une spécialité du "film musical", c’est-à-dire de documentaires qui cernent certains aspects de la vie de grandes figures de l’histoire récente du monde de la musique classique. Il a consacré des portraits à Nadia Boulanger, Yehudi Menuhin, Dietrich Fisher-Dieskau ou Sviatoslav Richter, et plusieurs films importants au grand pianiste Glenn Gould (1932-1982).

Lui-même musicien (violoniste), le réalisateur insuffle à ses montages un rythme, une musicalité qui n’est pas sans rappeler le travail de Glenn Gould lui-même alors qu’il se livrait lui aussi au documentaire, mais à la radio (The Idea of North, 1967), et qu’il fabriquait un véritable contrepoint avec les entrevues qu’il avait réalisées. Lors de la conférence de presse lançant cette rétrospective, Bruno Monsaingeon avouait d’ailleurs l’influence du pianiste sur son travail: "Lorsque je suis allé le voir à Toronto en 1972, j’ai rencontré quelqu’un qui avait formulé une philosophie de la communication par le biais de la caméra et du micro, et c’était ce que je cherchais. Ç’a été une rencontre prodigieuse, qui a eu un impact incroyable."

Son plus récent film, Glenn Gould – Au-delà du temps, ouvrait cette rétrospective en avant-première mondiale, mais on pourra le revoir en mars dans le cadre du Festival international du film sur l’art. Pourquoi un autre film sur Gould? "Sans être un point final à mon travail sur Gould, ce film est un peu un aboutissement, puisque c’est le résultat des 30 années que j’ai passées avec lui; durant les 10 premières, à partir de 1972, j’ai réalisé 7 films avec lui, ensuite je suis revenu très souvent au Canada pour réunir la totalité des archives disponibles, avec lesquelles j’ai fait une série de 23 émissions de télévision, et c’est avec ça que j’ai pu nourrir la "dramaturgie" du dernier film. Celui-ci m’a remis en tête l’idée de faire un nouveau film pour raconter l’histoire des Variations Goldberg." Le montage de documents d’archives, sonores et visuelles, sur lequel repose Au-delà du temps est effectivement colossal et le film est narré par son sujet, à la manière d’une autobiographie; sans doute l’un des meilleurs films pour approcher le personnage Gould.

Si Monsaingeon est passé maître dans l’utilisation des documents d’archives, on se réjouit de voir qu’il se préoccupe aussi des "archives du futur". Ainsi, la rétrospective en cours présente la presque totalité de son travail des 10 dernières années à l’exception de son tout dernier film, Violon dans l’âme – Valery Sokolov (bientôt disponible en DVD), dans lequel il présente un jeune violoniste russe qui n’a pas encore 20 ans, "sans aucun doute dans mon esprit le plus grand violoniste de notre époque", au dire du réalisateur. Parmi ceux qu’il reste à voir, Glenn Gould, l’alchimiste (156 minutes), témoin de ses premières rencontres avec le pianiste, s’avère un must (le 3 mars). La rétrospective se poursuivra du 1er au 9 mars.

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